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paraissent apporter dans leurs actes scatologiques le raffinement compatible avec le goût qui doit distinguer l’aristocratie du rang et du sang. Pour la satisfaction de leurs incongruités leur préférence s’adresse aux vêtements de dames ornés de rubans ou de dentelles, aux corsets ouvragés, aux soieries, aux fourrures, à la lingerie. Ils semblent éprouver une sorte de prédilection pour les chemises et les pantalons de femmes.

C’est ce sentiment de distinction qui les a portés, dans une des propriétés du marquis de Laigle, à l’accomplissement de cette cérémonie dont les journaux ont donné la relation détaillée. Quand on reprit possession des lieux qui avaient été occupés par l’état-major, on trouva, bien en évidence et disposés les uns auprès des autres, les chapeaux de chasse des dames, les coiffures de velours en forme de tricorne Louis XV comme en portent les amazones, dont ces officiers avaient fait, pour leurs nécessités particulières, autant de vases d’élection.

On a raconté que l’empereur Héliogabale jugeait conforme à la dignité impériale de ne se livrer à la défécation que dans des vases d’or. Les demi-dieux qui président au commandement des soldats allemands, eux aussi, se font honneur de réserver pour leurs usages stercoraires les récipients constitués par les matériaux les plus précieux. Partout ils ont jeté leur dévolu, sur les soupières de vermeil ou sur la vaisselle de prix, sans négliger d’ailleurs l’utilisation des étoffes de brocard, des tapisseries, des broderies, des nappes damassées, des meubles rares, des pianos, des potiches, des draps, des matelas, des oreillers, des couvertures et des édredons. Il leur est fréquemment arrivé également de décrocher des tableaux dus à des artistes renommés. Dans ce cas les portraits des maîtres de la maison ainsi que ceux de leurs ancêtres sont l’objet d’attentions stercorales spéciales.

Les Goncourt dans leur Journal écrivaient déjà, en 1871 : « N’ont-ils pas chez un de nos amis décroché le portrait de son père, ne lui ont-ils pas fait un trou à la place de la bouche !… Vous devinez le reste[1]. »

Quant aux simples soldats, ils se bornent à des exploits en rapport avec la modestie de leur situation hiérarchique. Ils donnent satisfaction à leur hyperchésie simplement partout où ils se trouvent, dans les offices, dans les cuisines, dans les chambres à coucher, partout, excepté, où il est indiqué de le faire. Leur humilité les porte à se contenter des casseroles, des chaudrons, des écuelles, des pots à lait, des verres, de toute la vaisselle vulgaire, sans oublier d’ailleurs aucun des récipients qui se trouvent à leur portée. En général, ils dédaignent l’usage des étoffes de soie et de la lingerie fine, dont l’emploi est mieux adapté à la distinction aristocratique des officiers.

  1. Cité par la Chronique Médicale.