Page:Béroul - Le Roman de Tristan, par Ernest Muret, 1922.djvu/11

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INTRODUCTION



Manuscrit et éditions. — Le manuscrit 2171 du fonds français de la Bibliothèque Nationale de Paris, copié, à ce qu’il semble, dans la seconde moitié du XIIIe siècle, nous a conservé environ quatre mille cinq cents vers d’un roman, incomplet du commencement et de la fin, dont les héros sont les deux grands amants, Tristan et Iseut. La copie a beaucoup de fautes et de lacunes : en quelques endroits la leçon en est si corrompue qu’on désespère d’en tirer jamais un sens satisfaisant. Avant d’être accueilli en 1913 dans la collection des Classiques français du moyen âge, ce poème a été publié en 1825 par Hermann von der Hagen, à la suite de son édition de Gottfried de Strasbourg, en 1835 par Francisque Michel, en 1903 par le présent éditeur pour la Société des Anciens textes français ; et les lecteurs y ont pris tant de plaisir qu’en moins de vingt ans il aura été réimprimé trois fois.

Secondé par la critique sagace et les bienveillants avis de plusieurs excellents paléographes et philologues, j’espère avoir amélioré peu à peu ce texte difficile par l’examen répété de tous les passages obscurs et controversés. L’administration de la Bibliothèque Nationale a bien voulu, en 1912, mettre à ma disposition, à Genève, le manuscrit 2171, dont je n’avais eu auparavant sous les yeux qu’une copie. MM. Camille Couderc et Mario Roques ont eu la bonté d’y vérifier à plusieurs reprises des leçons douteuses, et M. Roques, à force de patience et d’habileté, a réussi à déchiffrer en partie ou complètement plusieurs vers tenus jusqu’à lui pour illisibles. Les conjectures proposées par Gaston Paris en marge des épreuves de l’édition de 1903, les corrections d’Adolphe Mussafia, d’Adolphe Tobler, de Jean Acher ont été largement mises à profit. Mon ami, M. Louis Gauchat, m’en a fourni aussi de très plausibles. Aux