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WOZZECK

LA CAMPAGNE
LA VILLE DANS LE LOINTAIN
Wozzeck et Andrès taillent des cannes dans un buisson.

Wozzeck. — Vois-tu, ce lieu est maudit !

Andrès. — Ah, bah ! (Il chante :)

C’est une belle chasse.
Chacun est libre de tirer !
Je voudrais y chasser,
Je voudrais me trouver là !

Wozzeck. — Ce lieu est maudit. Vois-tu cette ligne claire au-dessus de l’herbe, là où les champignons croissent si abondamment ? Là, un soir, roula une tête. Un homme la ramassa, la prenant pour un hérisson. Trois jours après, il gisait de son long sur les copeaux.

Andrès. — Le soir arrive, cela te rend inquiet. Eh quoi ? (Il chante :)

Là passe en courant un lièvre ;
Vous me demandez si je suis chasseur !
Chasseur, je l’ai djéjà été,
Mais je ne sais pas tirer !

Wozzeck. — Silence, Andrès ! C’étaient les francs-maçons, je l’ai trouvé, les francs-maçons ! Silence !

Andrès. — Accompagne-moi plutôt. (Il chante :)

Là étaient posés deux lièvres,
Qui dévoraient l’herbe verte.

Wozzeck. — Andrès, n’entends-tu pas marcher quelque chose ? (Il frappe du pied le sol.) Creux ! tout