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WOZZECK

est creux ! un gouffre ! il vacille…… Entends-tu ? Quelque chose marche avec nous, là-bas quelque chose marche avec nous !

Andrès (chante) :

Ils dévoraient l’herbe verte
Jusqu’à la racine !

Wozzeck. — Partons, partons ! (Il l’entraîne avec lui.)

Andrès. — Hé ! es-tu fou ?

Wozzeck (s’arrête). — Il fait étrangement calme — et lourd. On voudrait retenir son haleine ! Andrès !

Andrès. — Quoi ?

Wozzeck. — Parle ! (Il regarde fixement la contrée). Andrès ! quelle clarté ! Un feu monte de la terre au ciel et un bruit en descend, ainsi qu’un son de trompettes. Comme ce bruit s’approche !

Andrès. — Le soleil est couché, le tambour résonne.

Wozzeck. — Tout est tranquille, de nouveau tranquille, comme si le monde était mort !

Andrès. — La nuit ! Rentrons !

LA VILLE
MARIE, à la fenêtre avec son enfant. MARGUERITE. — La retraite passe, le tambour-major en tête.

Marie (berçant son enfant sur son bras). — Hé, gamin ! Sa sa ! Ra ra ra ! Entends-tu ? Voilà qu’ils viennent !

Marguerite. — Quel homme ! comme un arbre !

Marie. — Il se tient sur ses pieds comme un lion.

(Le tambour-major salue.)