Premier ouvrier (chante).
J’ai une chemise qui ne m’appartient pas……
Mon âme pue l’eau-de-vie !
Second ouvrier. — Ne m’oublie pas ! Amitié ! Frère, dois-je par amitié te faire un trou dans la carcasse ? Frère ! je veux te faire un trou dans la carcasse, je veux te tuer toutes tes puces sur le corps. Frère, moi aussi je suis un gaillard, tu sais.
Premier ouvrier. — Mon âme, mon âme immortelle pue l’eau-de-vie ! Elle pue, et je ne sais pas pourquoi. Quel est le but du monde ! L’argent même entre en décomposition. Que le diable emporte le bon Dieu ! Frère, je finirai par pleurnicher plein un tonneau !
Second ouvrier. — Ne m’oublie pas ! Pourquoi le monde est-il si beau ? — Je voudrais que nos nez fussent deux bouteilles et que nous pussions nous les verser réciproquement dans le gosier. Toute la terre est rose. De l’eau-de-vie, c’est ce qu’on appelle vivre !
Premier ouvrier. — Mon âme pue, oh !Je me fais obstacle à moi-même, et il faut que je m’enjambe ! C’est triste !
Wozzeck. — Lui ! Elle ! Mordieu !
Marie (passe en dansant). — Encore ! Encore !
Wozzeck. — Encore ! encore ! (Il se laisse tomber