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WOZZECK

LA CAMPAGNE
Nuit.
WOZZECK.

Wozzeck. — Encore ! Encore ! Tais-toi, musique ! Ha ! que dites-vous, que dites-vous ? Ainsi — plus haut ! plus haut ! Maintenant je l’entends. Poignarde — poignarde — à mort la louve — poignarde — poignarde — la louve à mort — Dois-je le faire ? faut-il que je le fasse ? — Je l’entends toujours, cet « encore » — Poignarde — à mort — à mort — Là-bas, du sol, on parle, et les peupliers le disent : — Poignarde — à mort — poignarde.

CASERNE
Nuit.
ANDRÈS et WOZZECK dorment dans un lit.

Wozzeck (se lève en sursaut). — Andrès ! Andrès ! je ne puis dormir ; si je ferme les yeux, je la vois pourtant toujours, et je continue à entendre les violons, à les entendre. Puis une voix sort de la muraille. N’entends-tu rien, Andrès ? Et cela joue du violon et danse !

Andrès (murmure). — Oui ! — laisse-les dan — ser.

Wozzeck. — Et en même temps cela luit toujours à mes regards, comme un couteau ! comme un large couteau, et tantôt je le vois sur une table, dans une boutique, dans une rue sombre, et tantôt je le tiens dans la main et — oh !

Andrès. — Dors, fou !