Page:Büchner - La Mort de Danton, trad. Dietrich, 1889.djvu/314

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Lenz était revenu à lui. La conscience de son état lui apparut en plein, il recouvra sa raison. Il était honteux et affligé d’avoir inquiété ces braves gens ; il leur dit qu’il avait l’habitude de prendre des bains froids, et il remonta dans sa chambre ; son épuisement le laissa enfin reposer.

Le lendemain tout alla bien. Il traversa la vallée à cheval avec Oberlin. Partout de larges plateaux qui d’une grande hauteur se réunissaient dans une vallée étroite et serpentante, laquelle se dirigeait en divers sens vers les montagnes ; de vastes masses de rochers, qui s’étendaient en bas ; peu de bois, mais tout d’une teinte grise et sévère ; une vue du côté de l’ouest sur le pays et sur la chaîne de montagnes qui descendait tout droit vers le sud et vers le nord, et dont le sommet imposant et silencieux se dressait comme un rêve crépusculaire. D’immenses nappes de lumière ruisselaient parfois des vallées, semblables à un fleuve d’or qui s’enfle ; puis de nouveau des nuages qui pendaient sur le plus haut sommet, et qui ne tardaient pas à s’acheminer lentement du bois jusqu’au bas de la vallée ou bien à s’abaisser et à se lever dans les éclairs du soleil comme un spectre d’argent ailé ; aucun bruit, aucun mouvement, aucun oiseau, rien que le souffle tantôt proche, tantôt lointain du vent. On voyait aussi apparaître des points, des squelettes de cabanes, des planches couvertes de paille, de couleur noire, triste. Les gens, silencieux et