Page:Büchner - La Mort de Danton, trad. Dietrich, 1889.djvu/317

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dans son âme qu’il s’était mis, comme un enfant, à questionner le sort, pour savoir ce qu’il devait faire, — cette foi, ce ciel éternel dans la vie, cette existence en Dieu, tout cela pour la première fois lui fit comprendre l’Écriture. Comme la nature, dans la Bible, se rapproche des hommes et leur révèle ses mystères divins, non pas dans une majesté hautaine, mais en pleine intimité encore ! — Le matin il sortit. La nuit, la neige était tombée ; le soleil brillait dans la vallée ; mais plus loin le paysage était à demi plongé dans la brume. Il quitta bientôt le sentier, et gravit une légère colline ; plus aucune trace de pas ; il longeait une forêt de sapins. Le soleil découpait des cristaux, la neige était légère et floconneuse, et elle offrait çà et là certaines traces de gibier qui se perdaient dans la montagne. Nul mouvement dans l’air si ne n’est un léger souffle, le frôlement d’un oiseau qui de sa queue époussetait la neige. Partout une grande quiétude, et au loin, dans l’air bleu, les arbres couverts de plumes blanches qui s’agitaient. L’apaisement rentrait peu à peu dans son âme. Les plaines et les lignes monotones et puissantes, qui semblaient parfois lui parler sur un mode majestueux, étaient voilées ; une douce émotion religieuse s’emparait de lui. Il croyait parfois que sa mère allait sortir de derrière un arbre, imposante, et lui dire que c’était à elle qu’il était redevable de tout ce bonheur. En descendant, il vit qu’autour de son