Page:Büchner - La Mort de Danton, trad. Dietrich, 1889.djvu/318

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ombre se posait un arc-en-ciel de rayons : quelque chose semblait lui toucher le front, l’Être lui parlait. Il arriva en bas. Oberlin était dans la chambre. Lenz s’avança gaiement vers lui et lui dit qu’il voudrait bien prêcher : « Êtes-vous théologien ? » — « Oui. » — « Eh bien ! dimanche prochain ».

Lenz rentra joyeux dans sa chambre. Il songea à un texte de sermon et se mit à méditer ; ses nuits devinrent tranquilles. Le dimanche matin arriva. Il était tombé de la rosée ; des nuages passaient, laissant voir l’azur. L’église était tout près, sur la montagne, faisant saillie ; le cimetière l’entourait. Lenz se tenait en haut au moment où les cloches résonnaient et où les paroissiens, — les femmes et les filles dans leur sombre costume noir, leur mouchoir blanc plié sur leur livre de prières et le romarin en main, — montaient et descendaient de différents côtés les sentiers étroits entre les rochers. Un rayon de soleil apparaissait parfois au-dessus de la vallée. L’air tiède se mouvait lentement, le paysage baignait dans une atmosphère vaporeuse. On entendait des sons de cloches lointains, et tout semblait se résoudre en une onde harmonique.

Sur le petit cimetière la neige avait fondu ; on voyait de la mousse brune au pied des croix noires, un rosier tardif s’inclinait vers le mur, des fleurs tardives sortaient de la mousse ; parfois du soleil, puis de nouveau l’obscurité. Le service divin commença. Les voix d’hommes se rencontraient