Page:Büchner - La Mort de Danton, trad. Dietrich, 1889.djvu/319

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dans un accord pur et clair, qui faisait l’impression d’une source limpide et transparente. Le chant se tut. Lenz parla : il était timide. Au son de ces accents son spasme convulsif avait complètement cessé, toute sa douleur maintenant se réveillait et se concentrait dans son cœur. Un doux sentiment de bonheur s’empara de lui. Il parla simplement aux assistants. Ils souffraient tous avec lui, et ce lui était une consolation de pouvoir apporter le sommeil à des yeux fatigués de pleurer et le repos à des cœurs torturés, de pouvoir soulager de leurs lourdes souffrances, en les offrant au ciel, ces êtres tourmentés par les besoins de la vie. Il était devenu plus ferme en finissant. Les voix reprirent :

Laisse s’ouvrir en moi les saintes douleurs,
Comme des sources profondes ;
Que la souffrance soit tout mon lot,
Que la souffrance soit mon culte !

Son émotion intime, la musique, la douleur l’ébranlèrent. Son univers, c’était la souffrance ; il ressentait une douleur inexprimable. C’était maintenant une autre existence ; des lèvres divines et palpitantes se penchaient sur lui et s’attachaient à ses lèvres. Il entra dans sa chambre solitaire. Il était seul, seul ! Alors la source jaillit, des torrents coulèrent de ses yeux, il se ramassa sur lui-même, ses membres tressaillirent, il lui sembla qu’il allait se dissoudre, il ne pouvait trouver la fin de sa