Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
96
critique sociale

teur, le chef d’une fabrique, d’une maison de commerce, font œuvre utile dans une certaine mesure. Leur talent, leur activité ont droit à une rémunération. Leur gain se divise donc en deux parts, l’une légitime, celle du travail, l’autre, illicite, celle du capital. Pas facile à tracer la limite. Car, dans les bénéfices industriels, l’intérêt des avances varie à l’infini, et plus encore le mérite du patron.

Selon l’idée socialiste, — l’équivalence, — le profit de l’exploitant ne devrait pas dépasser celui d’un ouvrier. Ce qu’il touche en sus serait alors le prélèvement capitaliste sur la main-d’œuvre. Naturellement, ce système n’est pas du goût des patrons. Ils n’entendent sacrifier ni la dîme métallique, ni leurs prétentions de supériorité personnelle. Maîtres par l’écu, maîtres par l’intelligence, ils ne rendront pas leur épée, comme disait Charles X, et, vraiment, pareil espoir serait aujourd’hui une pure utopie, grâce à l’ignorance générale, ce rempart de l’inégalité. Seule, la diffusion des lumières aura raison des résistances et fera une réalité de ce qui semble aujourd’hui une chimère.

Enfin l’oisif, lui-même, rend un service dont on doit tenir compte ; c’est la violente envie qu’il donne de le démolir. Ce service en vaut bien un autre, et peut s’inscrire à l’article : enseignement.