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le luxe

Non ! Elle doublerait le mal. Aujourd’hui le parasitisme capitaliste écrème d’abord les deux cinquièmes du produit national. Cette légère dîme prélevée, il paie aux travailleurs une somme qui leur permet de racheter, au jour le jour, les trois cinquièmes restants. Cette somme, égale seulement au gain légitime de deux cent dix-neuf jours, doit faire face aux besoins de l’année entière. Telle est la situation actuelle, fort triste assurément. L’ouvrier vit mal, sans garantie, sans sécurité, toujours au bord ou au fond de la misère.

Mais si les oisifs dépensaient à l’étranger leur revenu, ce serait une bien autre histoire. Toute cette partie du numéraire, que leurs achats reversent au pair dans la circulation, s’écoulant au dehors pour jamais, le corps social périrait d’épuisement. C’est une menace de ce genre, le plongeon des espèces, qui s’efforce de tenir le peuple en bride. Et la menace n’est pas de trop.

Dix pour cent de parasitisme, trente pour cent perdus à le défrayer, et la nation mise à la portion congrue de trois cinquièmes de son produit, ce n’est pas gai. Ah ! par”exemple, elle à pour dédommagement la contemplation des beaux messieurs et des belles dames, cette corbeille de fleurs dont elle est le fumier. Certes, le spectacle est ravissant, mais on ne dira pas que la vue n’en coûte rien.

Une hypothèse. Si la France avait la douleur