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critique sociale

de perdre ce gracieux spectacle, que deviendraient les spectateurs ? On suppose, après la chute du rideau, la disparition des personnages seulement, non celle du matériel. Quel serait le résultat ? Pour les campagnards du labour et de la vigne, bénéfice énorme, immédiat et gratuit. L’expérience l’a déjà prouvé. À mesure que l’occupation se rapproche du luxe, embarras et malaise croissants, d’abord. Toute la dynastie de sa majesté l’Empereur-Écu s’est esquivée à la hâte et laisse en plan ses vassaux. Les esclaves de l’opulence, complices involontaires, pris dans l’engrenage du parasitisme, se voient contraints d’abandonner le service du superflu pour celui du nécessaire et de l’utile, Ce changement de décor ne s’improvise pas au coup de sifflet. L’angoisse de l’entr’acte, pour chaque corps d’état, serait en raison directe de son inféodation actuelle au monde de la rente.

Pas de plus méchant maître que le luxe. Les industries, ses servantes, souffrent de ses incartades dans la bonne fortune, de ses colères et de ses frayeurs dans la mauvaise, et ne peuvent jamais compter sur un lendemain. Le péril ne fait que grandir pour elles avec les envahissements de cet excentrique patron qui leur ouvre, comme perspective finale, le naufrage.

Telle est la difficulté que le présent prépare à l’avenir. La regarder en face, et sous toutes les