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le luxe

se gonfle, pour recommencer ailleurs le semis de deniers et la moisson de victimes. Il existe toujours quelque part un coin prédestiné, où le glorieux souverain doit improviser une population pour la servitude, l’abrutissement et la mort. Maudit soit le jour où, au bruit des acclamations et des fanfares, il vient y planter son drapeau noir, entre la prison, l’hôpital et le cimetière !

Dans un pamphlet économique intitulé : Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas, Bastiat s’élève avec beaucoup de raison contre les dépenses gouvernementales.

« Vous déplacez le travail », dit-il. « C’est déplacer le travailleur, c’est troubler les lois naturelles qui président à la distribution de la population sur le territoire. Quand cinquante millions sont laissés au contribuable, comme le contribuable est partout, ils alimentent du travail dans quarante mille communes de France. Ils agissent dans le sens d’un lien qui retient chacun sur sa terre natale. Ils se répartissent sur tous les travailleurs possibles et sur toutes les industries imaginables. Que si l’État, soutirant ces cinquante millions aux citoyens, les accumule et les dépense sur un point donné, il attire sur ce point une quantité proportionnelle de travail déplacé, un nombre correspondant de travailleurs dépaysés, popu-