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critique sociale

lation flottante, déclassée et, j’ose dire, dangereuse, quand le fonds est épuisé. »

Fort bien. Mais que fait donc autre chose le spéculateur, lorsque, jetant, sur un point choisi par son caprice, une masse de dollars, offerte brusquement à l’échange, 1l attire des nuées d’ouvriers qui accourent de tous les points de l’horizon ? Qu’est-ce que ce numéraire ? La dîme prélevée par le capital, comme l’impôt est prélevé par le fisc, sur les serfs du travail. Il arrive souvent de fort loin, et bouleverse les localités qu’il envahit, par le tumulte soudain d’activité qui éclate à son contact.

On l’accueille avec enthousiasme, c’est vrai. Mais qu’il est payé cher ! Ce qu’il apporte, ce n’est point ce labeur paisible et régulier qui pro- cure le bien-être, parce qu’on en récolte tous les fruits ; c’est une corvée écrasante, implacable, presque sans réparation, la chair humaine broyée sous la meule pour en extraire jusqu’au dernier suc.

Plus stable sans doute que ceux du gouvernement, ce cruel atelier n’en est pas moins le jouet des crises, des chômages, des soubresauts perpétuels qui dénoncent toujours la malfesance de l’exploitation capitaliste. Sous un pareil régime, tout n’est qu’arbitraire, dès lors anarchie. Par l’impôt, par les grandes compagnies, par l’intérêt, sous toutes ses formes, la monnaie, soustraite