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le luxe

à l’échange direct, s’amasse en capitaux, lancés ensuite dans les voies folles de la spéculation, dans les débauches de la commandite.

L’ouvrier, réduit à un salaire qui maintient à peine sa vie, ne conserve pas un fétu disponible pour concourir à l’alimentation, encore bien moins à l’établissement des foyers du travail. Le numéraire, indispensable à cet effet, lui est enlevé en manière de dîme, perçue indéfiniment sur son labeur par chaque intervention nouvelle du métal précieux. Cela s’appelle faire valoir son argent, c’est-à-dire le faire valoir plus qu’il ne vaut, en abusant de la nécessité du moyen d’échange pour ne le céder qu’à titre usuraire.

Le travailleur, pendant qu’il crée un produit, a besoin de vivre, on concède cela, Pour vivre, il faut de l’argent. Il n’en a pas. Monseigneur-Écu lui en avance, sous le nom de salaire, une ration aussi exiguë que possible, moyennant quoi, il s’empare du produit qui a une valeur bien supérieure. Il a fourni, c’est vrai, les matières premières, et très souvent l’outillage. Seulement, il les devait lui-même à un écrémage antérieur du travail. En somme, son gain, aux dépens du véritable producteur, se compose de l’intérêt à cinq ou six pour cent, de tout le capital engagé dans l’entreprise, et d’un bénéfice variable, quelquefois énorme.

« Après tout, dira-t-on peut-être, vous