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critique sociale

Disons ici nettement que l’intérêt du capital, à tous les taux et sous toutes les formes possibles, prêt sur hypothèques, prêt sur gages, prêt sur n’importe quoi, dividendes, rentes, loyers, fermages, escomptes, etc., toute cette sacro-sainte et nombreuse famille est celle de l’Empereur-Écu, la famille de l’appropriation criminelle du bien d’autrui.

Ainsi, les prodigalités du voleur et de l’oisif ont même origine et même écoulement. Leurs dépenses, sans doute, ne sont point une calamité comme leurs recettes. Qu’on se garde cependant d’y voir un avantage. D’un méchant arbre les meilleurs fruits ne valent rien.

Les extravagances du luxe ont souvent défrayé le pinceau des moralistes. Inutile d’aller sur les brisées de ces maîtres et de s’attarder à des redites, Laissons même ce contraste hideux du gaspillage et de la détresse, qui révolte partout le regard. Il s’agit ici seulement de montrer que l’iniquité frappe de malédiction tout ce qu’elle touche.

Le luxe est le mauvais génie de l’industrie. La glace d’une nuit est moins perfide, la roulette n’a pas de traquenards aussi dangereux pour les joueurs, que l’opulence pour l’usine à la remorque de ses caprices. Le beau sexe joue un triste rôle dans ces guets-apens. Qui distribue la fortune où la ruine, les enrichissements soudains, les