Page:Baïf - Euvres en rime, t. 2, éd. Marty-Laveaux, 1883.djvu/172

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Nulle douleur sa dure ame ne perce,
De ses yeux fiers une larme ne verse :
Un seul souspir ne tire de son cœur :
Tant la meurdriere est pleine de rancœur.
Ce mesme jour celle femme inhumaine,
Qui ne devoit bien loing trainer la peine
De son forfait : à fin qu’il fust vangé,
Vint droit au Dieu qu’elle avoit outragé :
Car en passant aupres d’une coulonne
(Dessus laquelle en beau marbre Dione
Tenoit la main de sa fille Venus
Qu’accompagnoyent Plaisir et Desir nus)
Plaisir s’ébranle et chet sur la cruelle :
Et de son pois ecrazant sa cervelle
La terrassa : la pauvre sous le coup
Perdit la vie et la voix tout à coup.
Riez, Amans, puis que cette ennemie
De tout Amour, est justement punie :
Filles, aimez : puis que pour n’aimer point
Une cruelle est traittee en ce point.


A IAN DORAT.

Dorat, d’une certaine main,
Osant emprises malaisees,
Dans le pré Gregeois et Romain,
Tu triras les fleurs mieux prisees
Pour t’en lier un chapeau rond,
Ornement à ton docte front.
Moy que l’Apollon étranger
Autant que toy ne favorise,
Me chargeant d’un faix plus legier
Je suivray ma basse entreprise,