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AMBOISE, (Château d’), situé sur une colline, au pied de laquelle est la ville d’Amboise (Indre-et-Loire). Il fut commencé sous Charles VIII par des artistes italiens, sur l’emplacement d’un château plus ancien, et continué sous Louis XII et François Ier. Bati sur un roc percé de souterrains qui communiquent entre eux et forment un labyrinthe inextricable, il est flanqué, au nord et au midi, de deux tours qui ont 30 mèt. de hauteur et 14 mèt. de circonférence, et dans l’intérieur desquelles on peut monter en voiture jusqu’au sommet. On y entre par une porte gothique, aussi riche qu’élégante. La chapelle, récemment restaurée, est un gracieux spécimen du style gothique fleuri : la façade offre un curieux bas-relief représentant la chasse de St Hubert. De beaux jardins sont élevés par terrasses jusqu’à 26 mèt. au-dessus du sol de la ville, et partout on jouit d’une vue magnifique. Le château d’Amboise appartient à la famille d’Orléans. Louis XV l’avait donné, en 1762, au duc de Choiseul ; puis il était devenu la propriété du duc de Penthièvre et de la maison d’Orléans. Napoléon Ier en fit don à Roger-Ducos, qui le mutila ; la Restauration le rendit au duc d’Orléans. Abd-el-Kader y a été enfermé de 1847 à 1852. Confisqué par Napoléon III en 1852, il a été restitué en 1872.

AMBON (du grec ambón, lieu élevé, ou ambainein, monter), tribune en marbre ou en pierre, à laquelle on montait par deux escaliers, ronde, octogone ou carrée, élevée, dans le sanctuaire des églises primitives, pour faire au peuple la lecture des leçons de l’office, de l’épître et de l’évangile, des lettres de paix et de communion, des excommunications, etc. Longtemps aussi elle tint lieu de chaire à prêcher. Deux ambons se trouvaient souvent dans une même église :.l’un, a droite de l’édifice, du côté du midi, pour la lecture de l’épître ; l’autre, a gauche, pour celle de l’évangile. A l’un des côtés de ce dernier, s’élevant une petite colonne servant de chandelier pour le cierge pascal. Les deux ambons existent dans les églises de St-Clément, de St-Laurent, et de Ste-Marie-in-Cosmedin, à Rome. Certaines églises en eurent

IMAGE ICI : Ambon de Saint-Clément, à Rome.

même trois. Quand il n’y avait qu’un ambon, le diacre lisait l'épître d’un côté, le visage tourné vers l’autel, tandis qu'il lisait l’évangile de l’autre côté, le visage tourné vers les fidèles. Le plus ancien ambon, d’une date positive, se trouve dans l’église du St-Esprit, à Ravenne ; il est du vie siècle. Le plus moderne est celui de l’église St-Pancrace, à Rome ; il est de 1249. On en voit un, dans l’église St-Ambroise à Milan, qui est formé de deux tombeaux superposés. Quelquefois, l’ambon était assez grand pour contenir un autel ; il en était ainsi à St-Jean de Lyon, et on y disait la messe. Le concile de Laodicée (Can. 15) place les chautres dans l’ambon ; ce mot désigne ici l’espace occupé par le clergé inférieur, c’est-à-dire le chœur’proprement dit. Aussi, St Grégoire de Nazianze l’appelle le grand Bñμa, par opposition à. Ptspàv Bñμa, ou sanctuaire. Quand les dispositions architecturales changèrent, et que les sanctuaires agrandis furent réunis au chœur, l’ambon fut porté à la séparation du chœur et de la nef, et devint Jubé (VC ce. mot). *

AMBOTRACE. V, le Supplément.

AMBRAS (Château d’), dans le Tyrol, sur une montagne au pied de laquelle coule l’Inn. Bâti au XI’siècle à l’emplacement d’une forteresse romaine, ce château servit de résidence aux gaugraves de l’Innthal, et passa ensuite à l’empereur Ferdinand Ier. L’archiduc Ferdinand, fils de ce prince, le reconstruisit, et y forma une riche collection d’armes et de curiosités, qu’on a’transférée à Vienne en 1805, où elle est connue sous le nom de collection Ambrasienne. C’est là que Napoléon Ier prit les armures de François Ier, du connétable de Bourbon, des ducs de Guise et de Mayenne, qui sont aujourd’hui au Musée d’artillerie de Paris. Pendant les guerres de la Révolution, le château d’Ambras fut transformé en hôpital militaire ; de 1829 à. 1841, il servit de caserne. Restauré depuis, il offre encore quelques curiosités (armures, tableaux, coupes, etc.). Son ancienne bibliothèque fut donnée par l’impératrice Marie-Thérèse il l’université d’Inspriick. V. Prímisser, Collection impériale et royale ambrasienne, Vienne, 1819, B.

AMBRE JAUNE, CARABE ou SUCCIN, en grec electron, employé dès l’antiquité la plus reculée à orner les murs, les bijoux et les meubles. Les Hébreux nous ont laissé une assez grande quantité d’objets d’ambre, notamment des amulettes. Les Romains en faisaient des vases et des statuettes. On connait les Electrina casa enchâssés dans de l’argent, et l’Electrina patera avec les médaillons et l'histoire d’Alexandre. Au musée de Berlin se trouvent des boucles en ambre antique avec des figures de Gorgones. L’industrie moderne travaille également l’ambre, principalement à Dresde, Kœnigsberg, Catane, Constantinople ; on en fait des boîtes, des tabatières., des flûtes, des becs de pipe, des chapelets, des colliers, des bracelets, et toute espèce de bijoux. E. L.

AMBROSIEN (Chant), nom sous lequel on désigne une sorte de plain-chant dont St Ambroise fut l’auteur, en 386. Ce chant, suivant Jumilhac, se divisait en chant rythmique ou psalmodique, et en chant métrique. u S’Ambroise, dit M. Théodore Nisard, adopta le genre chromatique, c’est-a-dire l’altération de certaines notes, comme l’ont enseigné plus tard les didacticiels du moyen âge en parlant de la musique feinte ou colorée. Deux différences radicales existaient entre le chant de S’Ambroise et celui de S* Grégoire. Dans l’un, abandon complet des règles de l’accentuation latine et adoption du genre diatonique ; dans l’autre, genre chromatique, rhythme, accentuation. Dans l’un, musique grave. sévère, adaptée aux durs gosiers des barbares du nord qui se convertissaient au catholicisme ; dans l’autre, un art plus grec, plus souple, plus élégant, quelque chose de moins austère et de moins apre. 1› S’Ambroise emprunta aux Grecs leurs quatre modes principaux : le dorien, le pbrygien, le lydien et le mixolydien ; ces modes, nommés depuis authentiques ou impazrs, sont le 1", le 3=., le 5° et le 7° du plain-chant grégorien. Il adopta aussi le chant alternatif ou antiphomque (V. Anrirnoma), usité chez les Orientaux, et dont l’emploi se répandit ensuite dans l’Église -latine. V. Camille Perego, la Ilegola del Canto Ambrosiano, Milan, 1622, in-4o ; Jumilhac, la Science et la Pratique du plain-chant, 2° édit., par Théodore Nisard et A. Leclerc, Paris, 1847, in-40. F. C.

Aiuanosrrn (Bit), liturgie particulière à l’Église de Milan, qui a toujours tenu à la conserver en la couvrant du nom de S’Ambroise. Cette liturgie diffère de celle de Rome par certains textes de l’office et par des détails de cérémonial. Ainsi, dans le rit ambrosien, le baptême par immersion a été conservé ; — le Careme-commence, non au mercredi’des Cendres, mais à la Quadragésime ; - il n’y a pas de messe pour les vendredis de Carême ; - le vendredi saint, on lit les quatre Passions ; -jamais on ne fait d’office de saint le dimanche ; - avant de lire l’Évangile au bas du chœur sur un pupitre élevé, on demande trois fois le silence par la formule suivante : Parcite fabulis, silentium habete, habete’szlentmm ;-il y a plusieurs transpositions dans les prières de la messe ; aux messes solennelles, 20 vieillards.(10 de chaque sexe), appelés l’École de S* Ambroise, font l’offrande du pain et du vin. Il est vraisemblable que la plupart de ces usages existaient avant S’Ambroise, et quelques auteurs les ont même attribués à S’Barnabé. S* Ambroise aura, sans doute, dissipé les incertitudes de la liturgie antérieure et fixé des règles pour l’avenir. Il a aussi composé des hymnes et des prières. On lui attribue spécialement des Pré/’acer de messes, dans lesquelles est indiqué l'objet de la fête que 1’on célèbre. Le rit ambrosien, malgré des modifications amenées par la réforme de S’Grégoire ou par d’autres motifs, malgré les efforts faits à diverses époques pour l'anéantir, subsiste encore aujourd’hui. Le pape Adrien Ier, voulant établir l’unité de rit dans toutes les églises, employa le bras de Charlemagne pour détruire les livres du rit ambrosien ;