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lim saint a été profané par un sacrilège ou par’tout autre crime. — Uamende honorable était. aussi jadis une peine infamante. V. notre Dícttonnaire de Biographie et d’I{zstoire. AMENDEMENT (du latin améndare, corriger), modification proposée ou faite à un projet de loi. Le droit d’amendement sur la proposition d’un membrtîou d’une commission exista dans l’Assemblée constituante de 1789, dans l’Assemblée législative et dans la Convention. Sous le Directoire, les Cinq-Cents et les Anciens devaient accepter les projets de loi en masse ou les rejeter sans amendement. D’aprèsla Constitixtion consulairedel’an vin, le Corps législatif adopta ou rejeta sans discussion, après avoir entendu contradictoirement les membres du conseil d’État et les Tribuns. Vers la fin du1" Empire, il était divisé en commissions qui examinaient les projets de loi. et qui pouvaient proposer, en comité secret, des amendements que l’empereur acceptant ou, re |eta1t. Le droit d’amendement fut consacré par Part. 46 de la Charte de 1814, sous la restriction que les amendements seraient proposés ou consentis par le roi, renvoyés et discutés dans les bureaux : mais les Chambres ne tinrent jamais compte de cette restriction. Le droit d’amendement fut a peu prés illimité depuis cette époque : mais, en vertu de la Constitution de 1852, un amendement ne put être adopté, au Corps législatif, s’il n’était accepté par le conseil d’lîtat. - Dans le parlement britannique, les deux chambres nommenttrespectivement des commissaires qúi s’entendent sur la rédaction des amendements. B.

AMENOPHlON. V. Tuisnss.

AMERICAIN (Art). L’Amérique, depuis la découverte de Christophe Colomb, n’a pas eu d’art qui lui fût propre ; les Européens y ont seulement transporté les principes et les traditions artistiques de l’ancien monde, *et les plus grands États, les États-Unis, le Brésil, etc., n’ont rien innové. Mais, avant l’arrivée des Européens, l’Amérique avait des monuments d’un caractère original, et qui n”ont rien de commun avec ceux des autres parties du mande. Dans la vallée du Mississipi et de ses affluents, l’Ohio et le missouri, se trouvent les restes des ouvrages d’une race éteinte, qui paraît avoir été plus avancée en civilisation que les indigènes contemporains des découvertes européennes. Ce sont principalement des monuments tumulaires ou religieux et des remparts ou enceintes fortifiées, construits a l’aide d’un mélange de terre et de pierres. A en juger par leur solidité et leur étendue, ils ont demandé la coopération d’une population’nombreusc et pleine d’industrie. On en a compté plus de 11,000. Les monuments tumulaires sont ordinairement des cônes tronqués ; mais, en avançant vers le sud, ils offrent souvent la forme d’une pyramide quadrangulaire à sommet aplati, comme les téocallís à V. ce mot) du Mexique et du Yucatan. Les plus grands, surtout ceux qui sont quadrangulaires, paraissent avoir servi de temples ; on y a trouvé des ossements humains, bien que les tertres moins élevés semblent avoir été, en général, consacrés aux sépultures. On y a trouvé aussi des débris de vases’d’argile, d’armes et d’instruments de pierre, et même d’animaux gigantesques, tels. que les mammouths, dont.les familles n’existent plus. Les proportions de ces antiques tumulus sont variables : il on est qui n’ont qu’un mètre de circonférence et de hauteur ; d’autres ont une base circulaire de 300 a 600 mèt., et une hauteur de 20 a 30 mét. Il y a, dans lliitat de Mississipi, un monument tumulaire dont la base couvre une étendue de 308 ares et 52 centiares. Les remparts ou enceintes fortifiées se trouvent ordinairement sur des éminences ou prés des fleuves ; de forme carrée, circulaire, ou parallélogrammatique, ils ont, en épaisseur et en hauteur, de 2 à 10 mètres. A 4 kilom. de la ville d’Hamilton, on voit une forteresse composée de 9 remparts concentriques séparés par des fossés. L’étendue de terrain que ces ouvrages de défense entourent n’est pas en proportion avec le travail qu’ils ont dû coûter : ainsi, dans l’Ohio, un terrain de 20 hectares est enveloppé d’un retranchement de 2,400 mét. de circonférence, et une autre enceinte de 6,500 mèt. ne protége qu’une surface de 50 hectares.

Parmi les monuments consacrés au culte, il en est qui se composent de deux compartiments, tous deux entourés de murailles et de fossés : l’un est rond, et parait avoir contenu les images des (lieux, les autels, tous les objets sacrés ; l’autre. carré ou octogone, doit avoir été destiné à la foule. Certains monuments religieux, dans le Wisconsin, par exemple, sont des exhaussements de terre dont les contours affectent des formes bizarres d’hommes ou li ›

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d’animaux. L’un représente un géant à deux têtes ; un autre figure un serpent qui porte à la gueule une bouc ovale, et dont les replis tortueux ont un développement de 210 mét. ; ailleurs, on a cherché à représenter diverses formes de quadru pèdes et d’oiseaux.

En s’avançant plus au sud, sur le plateau d’Anahuac et du Mexique, et dans les vallées humides de l’Amérique centrale, vers la’péninsule d’Yucatan et les bords du Honduras, on rencontre encore des débris d’une civilis :tion antérieure à l’invasion espagnole. Cortez et les autrtl envahisseurs s’appliquèrent a’eñ’acer toute trace de la grandeur primitive des races indigènes, afin de les habituer plus facilement à la servitude ; la destruction systématique des constructions et œuvres d’art-du Mexique continua pendant plusieurs siècles, et l’on ne trouve, au sujet de ces monuments, que fort peu de renseignements chez les écrivains espagnols qui ont fait l’histoire de la conquête. Au milieu du siècle dernier, quelques aventuriers ayant découvert dans les forêts de la prev. de Chiapas (Mexique) les ruines d’une ancienne ville qu’ils appelèrent Palenqué, le gouvernement espagnol fit faire, en 1787, une exploration ; la relation en fut écrite par Antonio del Bio et José Alonzo de Calderon, mais ne fut publiée qu’en 1822, en anglais, avec d’intéressants dessins. A. de liumboldt a aussi attiré l’attention publique sur ces régions, qu’un autre voyageur, Stephens, a enfin fait connaître plus complètement (Incidents ol’travel in central America, Chiapas and Yucatan, 1838 ; - Incidents of travel in Yucatan, 1842). Stephens a. découvert les ruines de 41 villes enfouies au milieu d’une végétation luxuriante, et ignorées des tribus voisines. Les murailles, en pierres de taille, y sont habituellement cimentées a l’aide du mortier, et portent la trace de sculptures en relief et d’inscriptions hiéroglyphiques. Des obélisques sont également couverts d’inscriptions et de figures mythiques. On voit des voûtes parfaitement exécutées. Les ruines les plus remarquables sont des temples ou palais, qui ont la forme d’une pyramide à plusieurs étages, séparés par de vastes terrasses auxquelles de magnifiques escaliers donnaient accés : des appartements dépourvus de fenêtres y sont disposés sur deux rangs parallèles ; ceux de la façade reçoivent le jour par les portes, et ne transmettent à ceux de derrière qu’une bien faible lumière. Ils sont revêtus de stuc, ornés de sculptures, on *couverts de peintures en rouge, en jaune, en bleu, en blanc ou en noir.

Tels sont les caractères des ruines de Palenqué décrites par A. de Humboldt, et qui ont un circuit de 32 kilom., a peu près la circonférence de Paris. Le plus curieux éclifice de cette localité s’éléve sur une terrasse autrefois revêtue de pierre sur la façade, longue de 05 mét., large de 80 mét. Il a près de S mét. de hauteur, 60 met. de développement, et 55 mét. de profondeur, regarde l’Orient, et présente 14 portes, séparées par des pilastres. La pierre a été couverte de stuc, d’ornements, de peintures et d’inscriptions. Parmi les figures, les unes sont droites, les autres ont les jambes croisées à la manière orientale. On a trouvé à Palenqué une statue de 3“’ 20 d’élévation, une tête et deux torses, d’un style sévère, et qui rappelle celui de lhrt grec primitif. V. Cabrera, Description des ruines de Palcnqué, en anglais, Londres, 1822, in-4o. Les ruines de Copan (Honduras) occupent une immense étenduei La se trouve, au milieu de constructions moins importantes, une pyramide de 45" 30 de hauteur, et qui parait avoir servi de temple. Sur les murs on aperçoit, a divers endroits, le crane d’un animal quadrumane exécuté en relief. Il y a aussi plusieurs obélisques sculptés, qui ont 3 a 4 mét. de hauteur et 1 mét. environ d’épaisseur. Enfin, on a découvert à Copan une grande statue représentant un babouin, dont la forme rappelle le cynocéphale des Égyptiens.

De magnifiques ruines du même genre se rencontrent a Uxmal (Yucatan), à G0 kil. S. de Mérida. La sont des obélisques sculptés, portant sur leur face principale une statue de grandeur naturelle, d’une attitude bienveillante, les mains sur la poitrine, et, aux autres faces, des inscriptions hiéroglyphiques. Mais l’édifice.principal est une pyramide tt trois terrasses ou étages, revêtues en pierres de taille, et arrondies aux angles. Les Indiens la nomment la Maison du gouverneur. La 1’° terrasse n’a pas moins de 200 mét. de long. Du centre de la seconde terrasse, on arrive, par un escalier large de 40 mét. et admirablement construit, à la partie supérieure, ou se

  • trouve un palais de 100 mèt. de façade. Les appartements

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ne sont pas voútés en pierre, commeà Palenqué et à Copan ; mais les plafonds s’appuient sur des poteaux d’un