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préface.

ACT 34 ADA

être vive et rapide. On retrouve enfin les linéaments rudimentaires de l’action et quelque chose de ses effets dans ces récits ou ces scènes agissantes que le talent du poëte et de Forateur jette en passant dans le discours, et fait tenir en une page ou en trois lignes. V. L’a.clion oratoire est la partie extérieure de l’éloquence ; elle comprend le débit et le geste. Cette partie, dans les représentations scéniques, constitue le rôle de l’acteur (V. Décmxmrion). L’orateur est à la fois auteur et acteur. Dans l’antiquité, Forateur, parlant sur des places publiques, du haut d’une grande tribune, à des foules innombrables, devait communiquer ses idées et ses sentiments a de longues distances ; il fallait que sa parole se fit entendre et comprendre au loin ; et la où elle ne pouvait parvenir, il fallait qu’un autre langage y suppléàt, et portàt aux derniers rangs de Fauditoire l’interprétation nette, fidèle, expressive, du discours. De la une grande importance attribuée à l’action et à ses deux parties, le débit et le geste. ’

L’orateur devait avoir des organes souples et forts, des poumons puissants, une poitrine infatigable, une voix inaltérable et d’une grande portée, une prononciation distincte et accentuée. Des exercices multipliés et constants formaient et entretenaient sa voix ; la mélopée de la diction, la forme rythmique de la phrase, Faccentuation tonique des mots, lui venaient en aide. Ces moyens et ces effets furent même exagérés plus tard : les maîtres grecs, et, après eux, Cicéron lui-même, les enseignaient et les recommandaient avec un soin et des détails qui nous surprennent aujourd’hui.

Le geste n’était pas moins important ; étudié et formé à la fois par les maîtres de gymnastique, par les acteurs, par les orateurs, il atteignait chez les Anciens une perfection et une puissance qu’il n’a point dans Fart moderne, et que nous avons meine quelque peine à concevoir. lloscius mimait les harangues de Cicéron ; il tenait et gagnait la gageure de se faire entendre du public avec autant d’exactitude, de précision et de clarté que l’éloquent orateur. /Esopus, Bathylle, et bien d’autres, mimaient des pièces et des poèmes devant la multitude, pour qui leur geste était une voix aussi comprise et plus applaudie que celle des acteurs parlants. Cet art était aussi d’un grand secours à la tribune. Les peuples de la Grèce et de FItalie, doués du sentiment des arts plastiques, se plaisaient aux beaux mouvements et aux belles attitudes ; démonstratifs et gesticulateurs, ils saisissaient aisément les signes qu’ils étaient accoutumés d’emp !oyer eux-mêmes ; la vivacité de leur imagination et de leurs passions et l’impressionnabilité de leur organisation, autorisaient et sollicitaient tous les moyens oratoires de frapper les yeux et d’émouvoir les sens. Les orateurs en usaient largement à la tribune des places publiques et ’devant les tribunaux.

Dans les temps modernes, en France et chez tous les peuples doués d’une sensibilité artistique et morale moins vive et moins expansive, les parties extérieures de l’éloquence ont été moins cultivées. La négligence des orateurs dépasse même souvent Findifférence du public. Chez nous aussi, bien qu’à. un moindre degré, l’action oratoire est à elle seule un style et une éloquence. Elle ales mêmes qualités que le discours lui-même ; elle peut être expressive, noble, gracieuse, élégante, correcte, énergique : elle à toutes les vertus du langage. Elle peut aussi en avoir tous les défauts, la négligence, la bassesse, l’impropriété, la faiblesse, l’exagération, l*afl’éterie. Quand ’les effets de l’action s’ajoutent aux effets propres du discours, ils doublent la puissance de Forateur. Plus d’un orateur moderne a été frappé d’impuissance parce qu’il ne possédait pas ces moyens extérieurs, souvent négligés, mais toujours précieux, tandis que d’autres, au contraire, leur ont dû la meilleure part de leurs triomphes et de leur renommée. =* T. me B.

’ ACTIONS (Principes de nos). V. Pmucrriz, Moniuz,

  • DÈTIY-’.

ACTIVITÉ, faculté de Fàme, principe commun de toutes ses modifications. L’activité se manifeste sous des formes et à. des degrés différents dans les instincts, dans la sensation et dans la pensée ; mais c’est dans la volonté qu’on ’en trouve le type complet. En effet, - quoique désirer, ouir souffrir et penser soient bien réellement des ac a ’ » ’

  • tions et supposent dans l’âme un pouvoir qui n’existe pas

dans les êtres inanimés, ce pouvoir ne produit ordinairement ses effets que sous Fexcitation d’une cause extérieure, de sorte qu’il y à tout à. la fois action et état passif, Au contraire, dans les phénomènes de la volonté, facnvité de -l’âme est sans mélange d’élément passif. On 1 G-lc.

doit donc distinguer deux sortes d’activité, Faotívité gonntanée et Faclivllé volontaire et libre. Sous Fune ou l’autre de ces formes, l’activité est un fait permanent ; l’âme est essentiellement une cause en action : cette action est tantôt plus, tantôt moins prononcée, tantôt déterminée, favorisée ou contrariée par des influences extérieures, tantôt absolument indépendante et autonome ; jamais elle n’est complètement suspendue. Elle se réfugie tout au moins dans la conscience non interrompue de l’existence et de la pensée. D’ailleurs, on ne conçoit pas plus ce que serait Fàme, si elle perdait momentanément l’activité, qu’on ne conçoit le corps privé d’étendue. C’est pour cela sans doute que Descartes a considéré la pensée, qui est 21 ses yeux la forme la plus générale de l’activité, non seulement comme un attribut essentiel, mais comme la substance même de rame. Le rapport de Fétre et de l’activité est encore plus fortement marqué dans le système de Leibniz, et, quoi qu’on puisse dire des conséquences que Leibniz a tirées de ce principe, rien n’est plus vrai ni plus profond que la manière dont il entend la nature de l’âme, principe essentiellement actif, substance simple (monade) et cause à la fois. On trouvera le développement de ces idées dans les écrits de Maine de Biran, notamment dans les Nouvelles considérations sur les rapports du physique et du moral de l’homme, et¿dans un très-remarquable acticle de M. F. Ravaisson, Philosophie contemporaine, inséré dans la Revue des Deua : Mondes du 1" nov. 1840., B-iz.

— Acrivmš ns snnvren, position de Fofficier ou sous-officier qui exerce dans Farmée un emploi de son grade, et du soldat qui compte dans les troupes par le fait de conscription ou d’engagement. La durée de l’activité de service sert àÿdéterminer le chiffre de la pension militaire. Elle cesse par le congé de libération, la réforme, la retraite, la démission, la désertion, et s’interrompt par le congé illimité, la disponibilité et la non-activité. L’activité n’est point suspendue par un congé temporaire, un service spécial, une mission, ou par la captivité à Fennemi. -La non-activité est la position de Fofficier hors cadre et sans emploi. Elle a lieu dans les cas, suivants : licenciement du corps, suppression d’emploi, infirmités temporaires, retrait ou suspension d’emploi, rentrée de captivité (si le prisonnier a été remplacé dans son emploi). Les officiers en non-activité sont appelés à remplir la moitié des emplois de leur grade vacants dans l’arme à laquelle ils appartiennent. Le temps de la non-activité est compté comme service effectif pour les droits à Favancement, au commandement, à la retraite.

ADAGE (du latin ad agendum, pour agir), maxime, sentence, précepte-utile pour se bien conduire dans la vie. Érasme, qui a formé un recueil de plus de 4,000 adages, tirés des poëtes et prosateurs de l’antiquité, explique ce qui distingue Fadage et le proverbe : le proverbe a pour caractères la vulgarité ou l’emploi fréquent, et l’absence de toute ambiguïté, qui fait que chacun le comprend ; Fadage est emprunté aux oracles des dieux, aux vers des poëtes, aux écrits des sages ; il est moins répandu que le proverbe, et lui est supérieur par l’élévation et le choix de la pensée. B.

ADAGIO, mot italien qui veut dire d l’a.ísc, posémrnt, se place au commencement ou dans le cours d’un morceau de musique, pour marquer un mouvement lent de sa nature, mais dont la lenteur se modifie selon la situation dramatique ou la pensée musicale. Ce mouvement, dont la désignation fut imaginée par Corredi, violoniste du xvu° siècle, est intermédiaire entre le largo, qui est le mouvement le plus lent, et Fandante. On y trouve souvent de ces interruptions de mesure (roulades, traits, cadences, points d’orgue, etc.), qui justifient l’emploi du mot adaglo. Le mot assal, ajouté à. adagío, indique un peu plus de lenteur encore. On appelle aussi adagio le morceau même dans lequel ce mouvement doit régner, et qui demande a être rendu avec une expression de sensibilité. B.

ADAM (Légende d’). La création de l’homme, son bonheur primitif et sa chute, ont inspiré, pendant le moyen âge, un certain nombre d’écrivains en France. Le plus ancien monument littéraire où soit traité ce sujet est un drame anglo-normand rimé, du xu° siècle, et intitulé Adam ; exhumé d’un manuscrit de la bibliothèque de Tours, il a été publié par M. Victor Luzarche (Paris, 1854, in-8°). L’œuvre, de tous points complète, donne même de précieuses indications scéniques, rédigées en latin barbare, en sorte qu’elle fournit tout à la fois un double spécimen de la langue française à. son origine et de la langue latine å son déclin. L’auteur, qui nous