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magne, les ranz’des vaches en Suisse, les noel : et les vaum-de-*vire ou- vaudevilles en France, les tirannas, les tonadilles, les séguedilles et les boléros en Espagne, les barcarolles à Venise, les tarentelles et les villanelles a Naples). - Iles airs du style théàtral ou airs d’opéra sont liés à une action dramatique, et accompagnés par l’orchestre et au besoin par les chœurs. Le 1" essai d’un air réguliense trouve dans l’Euridice de Peri, en 1595. Durant un demi-siècle après cette époque, tous les airs, coupés en couplets que précédait une petite ritournelle, et accompagnés note pour note par la basse, ont eu une lourdeur et une monotonie fatigantes ; ils contenaient aussi des changements de mesure, et passaient alternativement-de3 a 4 temps ; enfin ils étaient placés au commencement des scènes, et non vers la fin, comme de nos jours. Dans la 2° moitié du xvn° siècle, les compositeurs adoptèrent une coupe déraisonnable et nuisible a l’efl“et dramatique : les airs commençaient par un mouvement lent, puis venait un allegro, et on reprenait le 1" mouvement. Cet usage s’est perpétué jusqu’à Piccini et Sacchini. Pendant le xvmfl siècle, on écrivit aussi des airs d’un seul mouvement très-lent et très-développé. Ce fut Buononcini qui, au commencement du mémeisiècle, inventa la forme du rondeau, consistant è reprendre plusieurs fois la 1" phrase dans le cours de Pair = puis Sarti imagina le rondeau à deux mouvements. Majo donna le premier exemple d’un air a un seul mouvement allegro, sans reprise : presque tous les airs d’opéras français des anciens compositeurs sont dans cette forme. Paisiello, Cimarosa, Mozart, Paër et Simon Mayer ont écrit beaucoup d’airs composés d’un mouvement lent et d’un allegro. Enfin, depuis Rossini, la manière la plus usitée est de présenter, aprè : le récitatif, un cantabile plein de mélancolie, et suivi d’un allegro, qui se termine lui-même par une coda nommée cabalette. Telle est la coupe actuelle du grand air, air de caractère ou de sentiment, appelé ’souvent air de bravoure, parce qu’il est destiné à faire briller la voix et le talent du chanteur. On nomme air de demi-caractère celui ou le compositeur a mis une mélodie agréable, sans chercher une expression positive que ne comporterait pas la situation. Il y a aussi Pair eclamé ou parlé, qui se rapproche du récitatif ou du discours habituel, et sur lequel le compositeur a dessiné des traits d’orchestre ; il est d’un usage fréquent dans le ’genre comique. Un air de convenance est celui que le chanteur introduit dans un opéra dont il ne fait point partie ; un air de pacotille, celui que le compositeur ou le chanteur tiennent toujours pret pour s’en servir à l’occasion. En Italie, on appelle airs de sorbet les airs mauvais ou médiocres, pendant l’exécution desquels on va prendre des glaces.

Quant aux airs destinés aux instruments ; ceux qu’exécute un instrument unique ou accompagné par d’autres rentrent dans la catégorie des airs vocaux en style de chambre. C’est même souvent un de ces derniers que l’on emprunte. Seulement, comme la répétition d’un motif sans paroles deviendrait bientôt fastidieuse, on entretient l’attention de Pauditeur par les formes diverses dont on revet le fond du thème. C’est ce qu’on nomme l’air varié. On écrit, d’ailleurs, des airs variés pour la voix. - Les airs instrumentauxqui s’unissent à la danse et en règlent les mouvements, sont dits airs de danse et airs de ballet. Les premiers portent le même nom que la danse ; tels sont le menwzt, la gavotte, la courante, la chaconne, la bourrée d’Auvergne, le branle du Poitou, la gzgue, la sauteuse, la pavanne, le passe-pied, la sara » bande, la contredanse, le galop, la valse, la polonaise, la polka, la redowa, la mazurka, l’anglaise, Pallemande, le fandango, etc. Les seconds sont liés å. une action mimo-dramatique. Les airs de danse, qui jadis étaient faits exprès, sont aujourd’hui tirés le plus souvent des opéras en vogue. B.

AIRAIN DE CORINTHE. V.notre Dictionn. de Biographie et d’Histoire.

AIRE, enduit en platre ou en mortier étendu sur des bardeaux posés en travers des solives d’un plancher. Elle est destinée à. recevoir un carrelage ou un parquet. Des aires, formées de gypse et de colle, et diversement colorées, remplaçaient parfois les pavages ; on produisait ainsi des dessins et des arabesques. Ce genre est abandonné de nos jours pour les appartements ; on ne fait plus d’aires gypsées à. la colle ou au sang de bœuf que dans les greniers ou les pièces de dépendance. En général, le mot aire désigne toute surface plane de construction. Dans un bâtiment, Paire est’encore l’espace compris entre ses murs. L’aire d’un pont est le dessus, la partie sur laquelle on marche. L’aire d’un bassin est le fond, massif d’environ 33 centimètres d’épaisseur, composé de ciment et de béton, ou d’un simple corroi de glaise, et pavé par-dessus. Dans une grange, Paire est la couche de terre glaise corroyée ou de blanc de.salpetre battu, sur laquelle on bat le blé.

Ama, nom donné, dans la Numismatique, au côté de la médaille ou de la monnaie qui, dans l’origine, était fixé sur des clous, pour que la pièce restat immobile sous le coup de marteau. Plus tard la pièce a reçu une empreinte des deux côtés : Paire est devenue le revers. Anis A LA véivrrisnna. V. Couvosro.

AITRE (du latin atrium), nom donné, pendant le moyen âge, a un terrain libre qui se déployait autour des églises, et qui servait généralement de cimetière. On Fappliqua même quelquefois au parvis(V. ce mot) : ainsi le parvis de la cathédrale de Rouen s’appelait aítre de Notre-Dame. Il existe encore, dans la même ville, des restes intéressants de l’aître S’-Maclou. B. AIX (S*-Snuvnun, cathédrale d’). Cet édiflce date du x1e siècle, et fut consacré en 1103. Le chœur, vaste et conçu dans de belles proportions, fut reconstruit en 1285. Par suite d’agrandissements ultérieurs, l’église primitive est devenue une nef latérale de l’église actuelle : la nef principale, d’une majesté peu commune, fut édifiée au xiv° siècle, et l’autre nef latérale sous le règne de Louis XIV. La longueur intérieure du vaisseau est de 65fl=,66, et la largeur de 12“,60. On remarque : un triptyque, attribué au roi René, et par plusieurs à Jean de Bruges ; la chapelle de Notre-Dame-de-l’Espérance, où est une statue de la Vierge en grande vénération ; l’autel et le tombeau de S’Mitre, dans la chapelle située au fond du sanctuaire ; et un autre autel avec bas-reliefs en pierre, provenant de l’ancienne église des Carmes. La crédence et les bas-reliefs du maître-autel sont attribués à Puget. La cathédrale d’Aix a un clocher de 60 met., de hauteur ; commencé en 1323 par l’architecte Pierre de Burle, interrompu par suite de circonstances malheureuses et imprévues, il fut repris de 1411 à. 1425. Il consiste en un massif carré qui sïélève au-dessus du comble de l’édifice, et qui supporte une tour octogone, percée d’une haute fenêtre sur chaque face. Le portail, dont la première pierre fut posée en 1476, était décoré de sculptures délicates et de statues ; elles ont été détruites en 1793, et les regrets que cause cette mutilation ne sont pas affaiblis par les restaurations faites de nos jours. Les portes, en bois de noyer, sont très-finement sculptées ; on a eu l’heureuse idée d’en assurer la conservation, en les protégeant avec d’autres portes d’un travail commun. La rotonde du baptistère est formée de 8 colonnes antiques, dont deux en granit, et 6 en cipolin, avec chapiteaux et bases en marbre blanc ; ces colonnes, d’ordre corinthien, ont appartenu a un temple d’Apollon, bâti sur le même emplacement. V. Fauris de Saint-Vincent, Mém. sur les antiquités et curiosités de l’église cathédrale de S’-Sauveur d’Ai*c, Aix, 1818, in-8° ; Maurin, Notice sur Véglise métropolitaine de S’-Sauveur d’Ai : v, 1839, in-12. B.

AIX-LA-CHAPELLE (Cathédrale d’). Superbe église batie par Charlemagne de 796 à 804, et beaucoup augmentée depuis, avec un mélange de tous les styles. Le portail principal, ouvrage du XVIII” siècle, en granit gris bleu, avec des portes de bronze du vm* siècle, est adossé à une muraille carolingienne, que surmonte un étage de pleins cintres romans. Au-dessus de ces cintres règne un étage en style gothique du xrv° siècle, couronné enfin par une laide maçonnerie à toit d’ardoise qui ne date que du xixfl siècle. Un pilier de granit s’élève de chaque côté de la façade ; celui de droite supporte une pomme de pin en bronze ; celui de gauche, une louve d’airain. Mais, vue de l’extrémité opposée, la cathédrale d’Aix-la-Chapelle ofl’re une magnifique abside gothique du xiv’siècle, à laquelle sont adossées des maisons baties dans l’intervalle des contre-forts. Entre l’abside et le portail s’élève un dôme octogone entouré d’une galerie à deux étages et a frontons triangulaires, que l’empereur Othon III fit construire à. la fin dux’siècle au-dessus du tombeau de Charlemagne, et qu’un joli pont sculpté, du xivfl siècle, relie à la façade. Ce qu’il y a de plus intéressant, ce sont les curiosités de l’intérieur : on y voit, entre huit piliers qui soutiennent le dôme byzantin, 32 colonnes de marbre, de granit et de porphyre que Charlemagne fit apporter de Ravenne et de l’Orient, et qui, enlevées par les Français en 1794, furent rendues en 1815, et replacées en 1846. Sous le dome, qui laisse pénétrer par le haut un jour blafa.rd, .et