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préface.

AIM 58 AIR

des cadets gentilshommes. Elles étaient placées indifféremment

sur l’une ou l’autre épaule, fixées par un bout lt l’épaule, et par l’autre aux boutons de l’habit. Les Pages, depuis leur institution jusqu°à la révolution de juillet 1830, portèrent des aiguillettes, ainsi que la garde royale. Maintenant elles sont réservées à la garde impériale, à la gendarmerie et aux armes spéciales. Elles sont de fil ou de coton pour les simples soldats, de fil et de métal mélangés pour les sous-officiers, d’or ou d’argent pour les officiers. Les aspirants de marine et les officiers d’état-major portent aussi les aiguillettes. On en voit enfin a certains domestiques de grandes maisons. B. AILERONS, consolesrénversées dont on décore les ailes ou côtés des lucarnes, ou qu’on emploie en grand sur le devant d’un portail a plusieurs ordres, pour lui donner plus de solidité, et cacher les arcs-boutants élevés sur les bas côtés de l’église.

AILES. Cette partie du corps des dlseaux, qui leur sert à voler, est dans les arts un symbole de la légèreté et de la promptitude du mouvement. Sur les plus anciens monuments de la Grèce, on a donné des ailes à Jupiter, Diane, Apollon, et autres divinités que les artistes ultérieurs ont privées de cet attribut ; Hélène elle-même est figurée avec des ailes sur un scarabée du cabinet de Vienne. Les ailes ont été particulièrement réservées à Iris, à. Cupidon, au Sommeil et aux Vents ; on les place d’ordinaire aux épaules. Les ailes du pétase et des talonnières de Mercure’sont amovibles à volonté ; les Furies et la Mort sont représentées indifféremment avec ou sans ailes. Dans les pompes religieuses, triomphales et scéniques, les Victoires avaient leurs ailes attachées avec des rubans croisés sur la poitrine. Les poëtes et les artistes ont encore attribué des ailes à Pégase, aux chevaux de Pélops, aux chars de Triptolème et de Cérès. Par allégorie, le Temps aaussi des ailes ; il en est de même des Heures et de la Benommée. Sur plusieurs monuments Psyché a des ailes de papillon (Psulcè, en grec, signifie âme et papillon). -Le prophète Isaie donne 6 ailes a chacun des deux Séraphins placés au-dessus du trône de Dieu. Des Chérubins ailés défendaient le propitiatoire dans le tabernacle des Hébreux. Satan est figuré quelquefois avec des ailes. Dans l’art chrétien, les ailes sont un attribut des anges et des archanges. Les artistes modernes donnent des ailes de chauve-souris à la Mort, ainsi qu’au sablier qu’elle tient. B.

muss, bandelettes attachées par derrière aux mitres des évêques et des abbés, et qui retombent sur les épaules. AILES, parties latérales d’un bâtiment, disposées, soit -sur la même ligne que la façade, soit en retour d”équerre. On dit aile droite et aile gauche, non par rapport au spectateur, mais par rapport au bâtiment même. Un bâtiment qui n’a qu’une aile est imparfait. Les ailes du palais de Versailles ont trop d’étendue relativement au corps principal. - On nomme encore ailes :1° dans une église, les croisillons du transept, et les bas côtés ou nefs latérales ; 2° dans un théâtre, les deux côtés de la scène, où se meuvent les chassis des décorations, et où se tiennent les gens de service, ainsi que les acteurs avant de paraître en scène ; 3° dans les temples périptères grecs, les colonnades latérales. - Le nom d’ailes est aussi donné aux deux côtés ou joues d’une lucarne, et aux deux parties plates ou inclinées qui rétrécissent l’ !tre d’une cheminée.

Amas, extrémités de droite et de gauche d’une armée rangée en bataille. Quand la cavalerie n’est pas en réserve, ede forme les ailes, soutenue par une partie d’infanterie. Son rôle est de couvrir et d’assurer le centre. Les Romains donnaient aux ailes Ie nom de cornes (coriiaa), et appelaient ailes (alae) les troupes de šavalerie. AIMARA (Langue). V. Piinuvuznmz (Langue). - AIMEIII ou AIMERIC DE NARBONNE, un des romans carolingiens (V. ce mol), formant la 3° branche de la chanson de Guillaume-au-Court-Nez. C’est l’histoire d’un seigneur qui enlève Narbonne aux Sarrasins, et qui en reçoit la souveraineté de Charlemagne à son retour d’Espagne. Aimori repousse ensuite une attaque de musulmans envoyés par l’amiral de Babylone, et épouse Ermengart, fille de Didier, et sœur de Boniface, roi’des Lombards, qui luî a prété secours. Le héros de ce poëme fut réellement vicomte de Narbonne, de 1108 et 1131, et employa une partie de sa vie à combattre les Sarrasins. Il eut, suivant les poëtes, 7 fils, dont le plus célèbre fut Guillaumeau-Court-Nez, et 5 filles, dont une, Blanchefleur, épousa Louis, fils de Charlemagne. La Bibliothèque impériale de Paris possède deux manuscrits de la chanson d’Aimeri ; l-

ils sont du xm’siècle. - L’historien Catel cite 6 vers d’un poëme provençal d’Aimeric de Narbonne, qui n’a de commun avec le précédent que le titre et le héros, et qui avait été composé vers 1212 par un certain Albusson, de Gordon (Quercy).

Un autre poëme, la Mort d’Aimeri, forme Ia10° branche de la chanson de Guillaume-au-Court-Nez. On y voit Aimeri soutenir un siège dans Narbonne, et- réclamer le secours de l’empereur Louis, alors en guerre avec l’usurpateur Hue Chapet ; les renforts arrivent trop tard. Aimeri, emmené captif par les Sarrasins, est délivré par son fils Guielin, et reconquiert Narbonne ; il meurt de fatigue et de vieillesse dans les Pyrénées, au début d’une nouvelle guerre. Ce roman, plus moderne que les autres du même groupe, et d’un médiocre intérêt, parait avoir été composé dans les premières années du xxv° siècle. V. l’Histoire littéraire de la France, t. XXII. H. D. AINO (Idiome). V. Kounmnzn.

AIOL zi* MIRABEL, un des romans carolingiens (V. ce mot). Le sujet est la disgrâce du comte de Toulouse ou de S’-Gilles, Élie, gendre du roi Louis, flls de Charlemagne, auprès duquel il a été desservi par le traître Macaire, et les aventures de son fils Aîol, né dans une forêt au milieu des aïons (bêtes venimeuses). Aiol, sans être connu, devient le favori de Louis, qu”il a défendu contre le duc de Bourges ; puis il enlève et épouse lllirabel, fille d’un roi musulman de Saragosse, obtient le pardon d’Élie, fait pendre Macaire, et consacre ses dernières années et Dieu. - Lachanson d”Aîol se compose de 11,000 vers de dix et de onze syllabes. On y trouve des traces évidentes du dialecte picard. Elle appartient à la classe des poëmes composés pour plaire à la société féodale : Ie roi y est injuste et brutal ; les héros sont le comte banni et son fils. Plusieurs allusions font supposer qu’elle fut composée dans les premières années du xni° siècle. Mais le sujet est beaucoup plus ancien : Adrevald, au ix’siècle, avait composé une légende de S’-Aioul, abbé de Lérins, qui est connu sous le nom latin d’Aigulphus. La ville de Provins possède les reliques du saint dans une église qui porte son nom. Suivant la légende, il aurait vécu au vn= siècle. Malgré quelques différences dans le récit, on ne doute pas que le saint de la légende et le héros de la chanson ne soient le même personnage. V. l’Histoire littéraire de la France, t. XXII. H. D. AIR, l’un des quatre éléments des Anciens, principe et substance universelle suivant les philosophes ioniens Anaximène et Diogène d’Apollonie. V. Iorusnne (Ecole). Am, en italien aria, désignation qui s’applique à une foule de morceaux de musique, de formes et de caractères très-divers. On fait venir le mot du latin azra, signe de prosodie. En général, un air est un morceau, tantôt court, tantôt très-développé, dans lequel la mélodie d’une partie dominante attire principalement l’attention. Les airs sont écrits, soit pour le chant, soit pour les instruments ; ils appartiennent au style d’église, à la musique de chambre, ou au genre dramatique.

Les airs de chant se règlent naturellement, quant å l’expression, à la coupe et a l’étendue, sur les paroles que le poëte a livrées au compositeur de musique. C’est à celui-ci de voir si la mélodie doit être gaie ou triste, calme ou agitée, simple ou grandiose, si Ie mouvement sera lent ou vif, l’harmonie légère ou étoilée. - Les airs du style d’église sont presque toujours d’un seul mouvemeutpcertains motets en admettent deux. Le lieu où

ils s’exécutent et l’objet qui réunit Pauditoire excluent une expression trop passionnée des sentiments : Pénergíe de certains psaumes, Pallégresse de certains cantiques, ne sauraient être rendues par les mêmes moyens qu’au théâtre, et Pair doit toujours conserver une teinte religieuse. La régularité de la forme et la stricte observation des lois de la mélodie sont ici de rigueur. En Italie, on appelle aria di chiesa (air d’église) tout air composé sur des paroles de l’Écriture sainte et chanté dans les églises ; tel est le fameux morceau Pietd signore de Stradella.-Les airs du style de chambre sont ceux qui se chantent par amusement, dans les ateliers et dans la rue, aussi bien que dans les salons. A cette catégorie a páretiennent : 1° les airs patriotiques, tels que la Marseill)aise, le Chant du départ, la Parisienne, l’air de la reine Hortense (Parlan ! pour la Syrie), en France ; le God sava the king, et le Itzile, ’Brítannia en Angleterre ; 2° les airs à. couplets, qu’on appelait au xvne siècle airs de cour, dans lesquels on comprend les romances, les rondeau ac, les chansons, les chansonnettes, les airs de table ou airs bachiques, et enfin les airs nalionaua ; particuliers a chaque peuple (les songs en Écosse et en Irlande, les lieder en Alle-