Page:Bachelet - Dezobry - Dictionnaire général des lettres, des beaux-arts et des sciences morales et politiques.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
xviii
préface.

’.tte c=›

Ce vers est quelquefois catalectique, et devient alors décasyllabe. On appelle quel uefois grand alcaïque le vers choriambique tétramètre. V. Cuomaiunxoue.) Ilalcaique ne se trouve jamais seul chez les poëtes classiques : il n’existe de pièces entièrement composées de ce vers que chez les poëtes latins du v* siècle après J.- C. Le mètre alcaîque s’employait surtout dans une strophe qui porte son nom, et qui est une des plus sonores et des plus belles de la poésie lyrique ancienne. La strophe alcaïque se compose de 4 vers ainsi disposés : 2 alcaïques,1 iambique dimètre hypercatalectique,1 choriambique trimètre. V. les Odes d’Horace 9, 16, 17, 26, 29, 31, 34, 35, 37, du 1" livre. Les trois autres livres en otïrent aussi de très-nombreux modèles. - Le vers alcaique a été employé par plusieurs poëtes allemands, en particulier ar Klopstock dans son Ode au Rédempteur et dans l*Ode 5 Fanny. ’ P.

ALCANTAHA (Pont d’), magnifique pont romain, construit sur le Tage, à l’époque de Trajan par C. Julius Lucérus. Il est en pierres si bien jointes, que le temps n’en a pas déplacé une seule. Élevé d’environ 65 mèt. au-dessus du niveau du fleuve, long de 224 mètres, sur 9 mèt. de large, il a des arches de 28 mèt. d’ouverture, s’appuyant sur des piles en blocs de granit ; ces piles mesurent plus de 7 mèt. de diamètre. A l’entrée du pont est un petit temple de 8 mèt. d’élévation, dont la façade n’est formée que de deux colonnes. B.

~ ALCAZAR, nom de plusieurs palais moresques de l’Espagne. Celui de Medina-al-Zahra, que le sultan Abdérame III commença, en 936, à peu de distance de Cordoue, pour une favorite nommée Zahra, paraît avoir été le plus somptueux. On y employa les plus habiles architectes de Bagdad, de Constantinople et d’autres pays ; 10,000 ouvriers y travaillèrent chaque jour ; 1,400 mulets et 1,000 animaux de trait transportaient les matériaux ; 1,100 charges de terre et de platre étaient apportées tous les trois jours, et on mettait journellement en œuvre 6,000 pierres de taille, sans compter les dalles de pavage, les pierres non taillées et les briques. L’architecte qui dirigea les constructions est appelé par les uns Abdallahben-Younas, et par les autres Moslémah-ben-Abdallah.

Le palais de Zahra avait 2,700 coudées (214“’, 50.) de longueur de l’E. à. l’O., et 1,500 coudées (64 mèt.) de largeur. Sur la principale porte d’entrée, on avait placé la statue de Zahra. Sur 4,312 colonnes de diverses proportions et de marbres variés qui soutenaient ou ornaient l’édifice, 1,013 avaient été apportées d”Ai’rique, 19 de Rome, 140 avaient été données par l’empereur grec Constantin IX, et le reste était tiré des diverses contrées de l’Espagne. Les portes des appartements étaient de fer, ou de cuivre argenté et doré. Le pavage était en pièces de marbre, ornées de dessins ; des marbres, des stucs de couleur, des arabesques, recouvraient également les murailles ; les poutres et les caissons, en bois de cèdre, étaient délicatement travaillés ; on avait peint les plafonds en or et en azur. Dans quelques salles, une eau pure et transparente jaillissait d’admirables fontaines, et retombait dans des bassins de marbre. La *Salle du calzfe, entre autres, contenait une fontaine de jaspe, au milieu de laquelle était un cygne d’or qui venait de Constantinople, et ornée de figures humaines également apportées de l’Empire grec, et de 12 figures d’animaux en or et en pierres précieuses, exécutées à Cordoue. Au palais étaient attenants des vergers, des pièces d’eau, des bosquets de myrtes et de lauriers : dans ces jardins on remarquait des bains avec leurs réservoirs en marbre et leurs tapis historiés de fleurs et d’animaux, et un Pavillon du cqlzfe, supporté par des colonnes en marbre blanc avec chapiteaux dorés, et contenant une grande vasque de porphyre, d’où un mécanisme ingénieux faisait jaillir une colonne de vif-argent reflétant les rayons du soleil ; on entrait dans ce pavillon par des portes d’ébène et d’ivoire. Entre autres dépendances du palais, il faut citer encore un hôtel des monnaies, des casernes pour la garde du calife, et une mosquée a 5 nefs, longue de 97 coudées (62 mèt.), large de 49 (31 mèt.), où se trouvait une chaire zl’un travail merveilleux. L’Alcazar de Zahra ne subsista pas longtemps ; on le démolit au xi* siècle. L’Alcaaar de Cordoue, dont on a fait depuis un palais de l’Inquisition, puis un haras royal et une prison, fut construit en 786 par Abdérame Ier. Il offre l’aspect d’une vieille forteresse. Les créneaux qui le surmontent. ne forment aucune saillie sur le profil du mur, mais sont rangés comme les dents d’une scie. Au contraire, dans l’Alca-zar de Segovze, paré d’une élégante couronne de tourelles, ’les créneaux sont placés en encorbellement ; A L D

des jours, pratiqués de haut en bas dans la partie de ces créneaux qui est en saillie, permettaient aux assiégés de voir le pied du mur sans se découvrir, et de faire pleuvoir par la les projectiles sur les ennemis. Cet Alcazar, jadis palais des rois, est situé sur un roc escarpé. Il passe pour avoir été fondé par les Wisigoths et embelli par les Arabes ; les appartements ont varié de distribution selon les âges ; la cour principale et le grand escalier paraissent étre de la fin du xviv siècle. L’une des pièces les plus remarquables est la Salle des rois ; les boiseries qui en revetent. les parois sont richement sculptées, et surmontées d’une corniche supportant les statues des rois d’Oviédo, de Léon et de Castille, depuis Froila Ier jusqu’à Jeanne la Folle.

Dans l’Alcazar de Séville, il semble qu’on ait voulu faire concourir tous les genres d’architecture ù l’embellissement de l’édifice : le cintre moresque se combine gracieusement avec l’ogive, ou bien les galeries moresques sont soutenues par des colonnes d’ordre corinthien. Une inscription placée à la façade de l’Alcazar désigne Pierre le Cruel comme ayant fait construire les palais de Séville ; mais une inscription arabe plus ancienne dit que le roi Naser en a bâti la plus grande partie, et que les travaux ont été dirigés par l’architecte Jalubi. Les parties anciennes semblent remonter au xnfl siècle ; il n’y a que la façade et l’étage supérieur qui soient du temps de Pierre le Cruel ; quelques travaux ont été faits sous Charles-Quint et sous Ferdinand VI. Les parois des murs, comme dans les autres constructions arabes, sont recouvertes de faiences vernissées et d’ornements en stuc. On remarque surtout la salle des Ambassadeurs, que couronne une coupole hémisphéri ne incrustée de bois peints et dorés. ALCMANIEN ?Vers), vers dont l’invention est attribuée au poëte Alcman (fin du vn" siècle av. J.-C.). C’est un íambique de 5 pieds ; ou un tétramètre dactylique, c.-à-d. les 4 premiers pieds du vers bucolique. P. ALCOBAÇA (Abbaye d’), célèbre abbaye de Portugal (Estramadure), chef d’ordre des Bernardins, a 60 kil. de Lisbonne. Elle fut fondée en 1148 par le roi Alphonse Ier, qui avait demandé à S’Bernard un architecte, un sculpteur, un charpentier, un tailleur de pierres, et un maçon. ’ Au commencement de notre siècle on voyait encore, dans le réfectoire, des peintures sur faïence qui représentaient l’arrivée de ces cinq moines. L’abbaye d’Alcobaça, où habitaient plus de 300 personnes, offre des proportions grandioses : le côté occidental, dont l’église occupe le centre, a un développement de 201 mèt. ; le bâtiment dn nord, destiné aux étrangers, est long de 74 mèt. ; le réfectoire a 29 mèt. de longueur sur 20 mèt. de largeur ; la cuisine, 32 mèt. de long sur 7 mèt. de large et 22 mèt. de haut. Une salle de ce monastère contient tous les portraits des rois de Portugal depuis Alphonse l°’ ; une autre, les statues coloriées des mêmes princes dans des niches ou sur des consoles. L’église, à laquelle un beau perron donne accès, appartient au style ogival du xui° siècle ; 26 colonnes de marbre en soutiennent la voûte, et son abside est formée de 8 petites chapelles. Elle renferme les tombeaux de Sanche Ier, d’Alphonse II et III, de don Pèdre et d’Inès de Castro. Le jardin de l’abbaye est planté de cyprès : ón y voit, comme au couvent de S* Bernard, une pièce d’eau, du milieu de laquelle S’élè’G un obélisque. L’abbaye d’Alcobaça fut pillée par les Français en 1811 ; mais on put sauver la bibliothèque, tresriche en documents importants et en manuscrits. B. ALCOVE (de l’espagnol alcoba, dérivé lui-même de l’arabe à koba, la cabane, l’endroit où l’on couche, ou d’el kau./’, la tente), enfoncement pratiqué dans le mur d’une chambre à coucher, ou ménagé a l’aide d’un travail en menuiserie, pour’y placer le lit ; il est fermé, soit par des portes qui ne restent ouvertes que la nuit, soit par des rideaux d’étofl’e. Les Anciens ont’eu des alcoves, sous le nom de zotheca, ainsi qu’on le voit à Pompei et a la villa d’Adrien. Autrefois, les alcôves des appartements des princes étaient assez grandes pour qu’on pút y recevoir plusieurs personnes dans Pintimité. An xvn° siècle, dans la société des Prócieuses, on appelait Alcóvistes ceux qui plaçaient les intimes dans Palcove et dirigeaient la conversation. On voit au Louvre, près du Musée des souverains, une alcove du temps de Henri II.

ALDEE (de l’espagnol aldea), nom qu’on donne aux bourgs et villages des possessions européennes en Afrique et dans les Indes.

ALDINES (Editions), ouvrages sortis des presses de la famille Manuce, et surtout d’Alde Manuce. Beaucoup de ces ouvrages sont les premières éditions qu’on ait faites

  • des classiques grecs et latins ; dflautres reproduisent les