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lentement, parce.qu’il fallait attendre ou que le temps eût muri la propriété, ou que le propriétaire’coi.sentit il reculer, ce qu’il refusait souvent ; la loi sur l’expropriation pour cause d’utilité publique a facilité partout l’alignement et la rectification des rues et des routes. B. et L. /tt.tomz1ul :N’r iunmrxine, manœuvre par laquelle on dispose et met sur une même ligne droite un certain nombre de soldats. Pour prendre un alignement, on échelonne en guise dejalons ou de piquets plusieurs hommes appelés guides, sur lesquels toute la ligne vient se former, et qui rentrent ensuite dans le rang. L’alignement parfait est impraticable devant l’ennemi, surtout à cause de l’inégalité du terrain. Dans un peloton, l’alignement se fait par les soldats eux-mêmes, qui le prennent en regardant le 3° homme à droite ou à gauche, suivant le comma ndement. ’- Ce fut le père du grand Frédéric qui introduisit l’alignement dans les troupes, et l’on regardait alors cette manœuvre comme très-difficile. ALlGNEMlîNfl’S. V. Ctzrxriouns (Monuments). ALIKHOULJP (ldiome). V. Funmtzvs (Idiomes). ALIMENTS, terme de Droit, désigne tout ce qui est nécessaire à la nourriture, au vêtement et au logement d’une personne. L’ol›ligation légale de payer des aliments dérive principalement de la naissance et du mariage. Le père et la mère sont obligés de nourrir leurs enfants légitimes et adoptifs, jusqu’à ce qu’ils soient en état de subvenir eux-mêmes à leurs besoins : après eux, cette obligation est imposée aux ascendants paternels et maternels. Elle ne s’étend plus, comme autrefois dans quelques provinces, aux frères et sœurs, oncles et tantes. Les aliments sont dus à. l’enfant naturel par le père ou la mère qui l’ont reconnu. Le même droit appartient a l’enfant adultérin ou incestueux dans tous les cas où la filiation se trouve judiciairement établie. - Les enfants doivent des aliments à leurs père et mère et ascendants dans le besoin. - Les époux se doivent mutuellement des aliments.-Les gendres et belles-filles doivent des aliments à leurs beaux-pères et belles-mères. Cette obligation cesse : 1° lorsque la belle-mère a convolé en secondes noces ; 2° lorsque celui des époux qui produisait Paffinité, et les enfants issus de son union avec l’autre époux, sont décédés. - L’obligation de payer des aliments peut naître encore de services rendus ; ainsi, un donateur peut exiger de celui qu’il a gratifié de ses biens une pension alimentaire, s’il vient lt se trouver dans le besoin. C’est en vertu du même principe que l’État accorde des pensions a ceux qui lui ont consacré leur vie. - La pension alimentaire est variable, selon les besoins de celui qui la réclame et la fortune de celui qui la doit : la condition sociale de plusieurs enfants étant différente, ceux-ci peuvent être appelés dans des proportions très-inégales a fournir la pension alimentaire jugée nécessaire pour leurs parents. Les tribunaux ont à cet égard un pouvoir souverain d’appréciation, et il peut arriver que telle personne, dispensée d’abord de contribuer aux aliments, y soit contrainte à une seconde demande, si sa position de bien- être ou de fortune s’est modifiée. On nomme Provision alimentaire’la somme que les tribunaux peuvent, selon les circonstances, attribuer au réclamant jusqu’à l’issue du procès. - Le manque d’aliments pourrait constituer un danger social dans certains cas : voila pourquoi il est du devoir et de l’intérêt de l’État d’avoir des hospices pour les enfants abandonnés, les malades et les vieillards, des ateliers, des travaux publics et des distributions gratuites pour les indigents. - Le créancier qui fait incarcérer son débiteur lui doit des aliments (V. Conrnxtnrz vxn cours). ALLA BREVE, expression italienne qui désigne une mesure en usage dans l’ancienne musique d’église, et nommée aussi a cappella, mesure de chapelle. Elle se marque par’un 2 ou par un C barré, et on la bat«à 2 temps.’On nomme style alla breve celui dans lequel on fait usage de cette mesure. Il emploie constamment les formes du contre-point fugué, et l’on n’y voit d’autres notes que la ronde et la blanche, plus rarement la noire. B. ALLA FRANCESE, mots italiens qui signifient à la française, et que les Allemands plaçaient autrefois en tete de certains morceaux de musique, pour indiquer un staccato d’un mouvement modéré... B.

ALLA MENTE. V. Cnxnr sun LE Ltvna.

ALLA PALESTRINA :Style ou musique), nom donné souvent au contre-point fugué, écrit pour les voix seules, sur un motif qui se développe ou se reproduit a travers les différentes parties. Le célèbre Palestrina a porté ce genre de composition au plus haut degré de perfection. B. ALLA POLACCA. V. Potomusa. *

ALLA ZOPPA, c.-lt-d. À la boiteuse, terme italien de musique, désignant un mouvement de syncope entre deux temps, sans qu’il y ait syncope entre deux mesures. Entre deux notes d’une valeur égale, se trouve une note d’une valeur double, ce qui produit une marche inégale et comme boiteuse.

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ALLÉES COUVERTES. V. Ceurtouns (Monuments). ALLEGE, embarcation de forme et de grandeur variables, destinée soit à. accompagner les gros bâtiments pour les alléger en prenant une partie de leur charge, par exemple en péril de naufrage et près des côtes basses où ils tireraient trop d’eau, so à à. porter à ces bâtiments, dans un port ou une rade, une partie de leur armement ou de leur chargement., -

ALLÉGE, mur d’appui d’une fenêtre, moins épais que Pembrasure, et sur lequel portent des colonnettes ou meneaux qui divisent la croisée. Aux xv’et xvi* siècles, l’allége fut souvent décorée par des balustrades aveugles, des armoiries, chiffres, devises ou emblèmes. ALLIZGORIE (du grec aitos, autre, agorcuó, je dis), métaphore continuée, disant une chose pour en faire entendre une autre : c’est une figure d’un bel effet dans l’éloquence et dans la poésie, lorsque le sens est parfaitement clair, et que les rapports ne sont ni trop multipliés ni appelés de trop loin. Cicéron, rappelant allison, un de ses ennemis politiques, les troubles et les dangers’qui avaient rendu son consulat si difficile, lui dit : tt Non, non, je n’ai pas été assez timide, moi qui avais dirigé le vaisseau de la République au milieu des vagues soulevées par de violentes tem petes et l’avais ramené au port sans aucune avarie, pour redouter les faibles* nuages de ton front menaçant ou le souflle empesté de ton collègue..Vai vu dlautres vents, j’ai pressenti d’autres tourmentes, je n’ai point cédé à d’autres orages suspendus sur ma tête, maisje les al, seul, affrontés pour assurer le salut de tous les citoyens. À Dans Racine, Mithridate compare la puissance romaine à un torrent, et il dit (acte nr, scène l) : Ils savent que sur eux, prêt ä se déborder, -Ce torrent, s’il m’entraîne, ira tout inontler ; Et vous les verrez tous, prévenant son ravage, Guider dans l’Italie et suivre mon passage. On appelle aussi Allégoríc une fiction poétique où des etres moraux sont personnifiés, comme l’E1wie dans la llcnriade, la Chicane et la Mollesse dans le Lutrin, les Prières du repentir dans l’IIiade, et toutes les fables emblématiques des Grecs. Boileau a dit (Art poét., cl1.lII) : Ce n’est plus la vapeur qui produit le tonnerre, (Test Jupiter armé pour effrayer lu terre ; Un orage terrible aux yeux des matelots,

  • C’est Neptune en courroux qui gourmande les flols ;

Écho n’t : st plus un son qui dans l’air retentisse, C’est une Nymphe en pleurs qui se plaint de Narcisse. Les anciens poëtes français ont fait beaucoup d’allégories de ce genre. Ainsi, dans le Roman de la Rose, on voit en scène des personnages appelés Jalousie, Faim ;-Semblant, Bei-Accueil, etc.

Souvent l’apologue n’est aussi qu’une allégorie, surtout lorsque la moralité.n’est pas exprimée, comme la fable de La Fontaine, le Chêne et le Reseau. Les Paraboles de l’lÊvangile et de l’Ancien Testament sont des allégories morales, et la poésie orientale fait de cette figure un usage continuel. L’ode 14 du Ier liv. d’Horace (O mwis, referent m mare te nooi fluctus), l’idylle des Moutons dans M” Desboulières, plusieurs comédies d’Aristophane (les Oiseauœ, Piutus, les Guépes, par exemple), quelques personnages du poëte tragique Eschyle (comme la Force et la Violence dans le Prométhée enchaîné), doivent être classés parmi les allégories.- Les Proverbes sont parfois aussi allégoriques, comme ceux-ci ; u Tant va la cruche à l’eau, qu’a la fin elle se brise ; - Petite pluie abat grand vent ; — Prendre la balle au bond ; - Mettre de Peautdans son vin ;-Pecher en eau trouble, etc. » -= Enfin, il y a des allégories en action ; par exemple, Tarquin le Superbe abattant, en présence de son fils, dans son jardin, les têtes des pavots les plus élevés, pour lui indiquer qu’il faut frapper les principaux citoyens de Gabies ; ou encore, les Scythes envoyant à. Darius Ier cinq flèches, un oiseau, une souris, une grenouille, afin de lui faire comprendre qu’il n’échappera pas à leurs flèches, s’il ne fuit comme l’oiseau dans *l’air, ~ comme la súnris dans la terre, ou comme la grenouille dans l’eau. P.