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préface.

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scène les situations les plus variées et les plus dramatiques, et une admirable déclamation. Naumann aurait ensuite conquis une réputation européenne à la fin du xv1u° siècle, s’il n’eút eu le malheur d’être le contemporain de Mozart, génie égal aux plus grands dans la musique instrumentale et la musique sacrée, mais supérieur à tous dans la musique dramatique par l’abondance des mélodies, la nouveauté des formes, le naturel et la richesse des combinaisons harmoniques.

Dans le passage du XVIII’au xix* siècle, on remarque : 1° parmi les compositeurs dramatiques, Pierre Winter, Joseph Weigl, Zumsteeg, Sussmayer, Danzi, Ileichardt, André, Bachmann, Bièrey, Hiller, Schulz, Kauer, Mayer ; 2° dans la musique instrumentale, Krommer, Wranitzky, I-lolïmeister, Gyrowetz, Kozeluch, Ijleyel. L’abbé Vogler, le plus savant théoricien de son époque, et habile compositeur de musique sacrée, a modifié les méthodes de chant et d’harmonie, et fondé une école d’où sont sortis, entre autres musiciens célèbres, Weber et Meyerbeer-Beethoven est le chef de l’école allemande actuelle. S’il n”a produit qu’un seul ouvrage dans le genre dramatique, c’est un chef-d’œuvre, Fidelio. Génie indépendant, original, parfois bizarre et obscur, il s”est élevé dans la symphonie jusqu’au sublime ; mais l’imitation de ses défauts mêmes et le dédain des règles communes ont entrainé bon nombre de compositeurs’dans une voie déplorable. Leurs ouvrages, presque complètement dépourvus de mélodie, ne se distinguent que par des harmonies tourxnentées, qui causent plus de fatigue que de lplaisir. Il faut excepter toutefois Weber, dont le Freyc ütz, Eufyanthe, Oberon, ont réussi sur toutes les scènes de l’Europe, et Meyerbeer, en qui le génie national a été sensiblement modifié par l’influence italienne. Après eux on doit citer avec éloge, dans la musique dramatique, Marchner Conradin Kreutzer Ruser, Lindpaintner, Beissi5 ger, Spohr, Richard Wagner ; dans la musique instrumentale, Spohr, Fesca, Hummel, Romberg, Ries, Kalliwoda, Mendelssohn-Bartholdy, Lachner, Czerny, Mayseder ; dans la musique d’<-Église et l’oratorio, Schicht, Dreschler, Seyfried, Eybler, Gœnsbacher, Klein, Schneider, Glœser, Neukomm, Mendelssohn ; dans le genre des lieder, Schubert, Proch, etc.

L’Allemagne a produit une grande quantité d’instrumentistes et de chanteurs célèbres. Après Joachim Quantz, compositeur distingué et admirable violoniste, François Bcnda fut le fondateur d’une bonne école de violon, et, de nos jours, Ernst est rangé parmi les plus habiles virtuoses sur cet instrument ; lïomberg et Bohrer se sont placés. au’premier rang des violoncellistes ; Baermann n’eut point de rival sur la clarinette, et, en général, les exécutants d’Allemagne ont une supériorité incontestée pour les instruments a vent. Parmi les pianistes, nous citerons Cramer, Hummel, Moschelès, Ries, Pixis, Czerny, Dussele, Steibelt, Kalkbrenner, Liszt, Thalberg, Dœhler. - Inférieurs aux Italiensdans l’art du chant, les Allemands peuvent néanmoins citer avec honneur Graun le compositeur, Baiï, Haitzinger, Tamberlick, ll1’“°’ Mara et Schrœter-Devrient, ll“¢ Sontag, etc.

On regarde avec raison l’Allemagne comme un pays essentiellement musical, et c’est, en effet, celui où la musique est le plus généralement cultivée. Il faut l’attribuer plutôt au système d’éducation qu’à une organisation et à. une sensibilité exceptionnelles. - Uenseignement public des écoles primaires., des gymnases, des séminaires, des universités, des écoles de soldats ; l’institution des Pauvres chanteurs, associations d’écoliers instruits gratuitement, mais que les règlements obligent a chanter dans les villes, devant la porte des principaux habitants, des morceaux a plusieurs parties, et qu’on emploie dans les noces, les fêtes et ies funérailles ; l’usage continue] des cantiques et des psaumes harmonisés dans le service divin ; les sociétés d’artistes et d’amateurs établies depuis 1810 dans la plupart des villes ; les réunions solennelles où des centaines d’exécutants font entendre les œuvres des grands maîtres ; la multiplicité des publications musicales, des journaux et écrits périodiques relatifs å la musique ; tout contribue à faire naître ou à. développer chez les Allemands le goût, la passion ge cet art..

ALLEMAND (Droit), expression par laquelle on désigne le Droit particulier aux États allemands, en tant que les sources de ce Droit ne dérivent hi de la législation rorname ou papale, ni des législations propres. à chaque État. Il faut aller chercher les origines du Droit allemand dans les lois des Barbares (V. ce mot), promulguées du v° au vxu’siècle. Les Capilulaires (VY ce mot) forment la seconde partie de son.histoire. Le Droit féodal (V. ce mot) devint, à partir du x° siècle, la base de toute organisation sociale et Vpolitique dans l’Europe occidentale. Le Droit romain(. ce mot), qui fut enseigné avec éclat dans la haute Italie au xu° siècle, s”infiltrant à travers les constitutions juridiques du moyen age, l’Allemagne essaya, tout à la fois par émulation et par esprit de résistance, de rédiger systématiquement les vieux Droits nationaux ; de là, au xxu° siècle, les compilations appelées Miroir de Saxe et Miroir de Souabe (V. ces mots). Au nombre des monuments législatifs, il faut encore mentionner le Code de l’empereur Frédéric II, par Pierre des Vignes (1231), et le Droit jutlandais de Waldemar Il (1240). Le Droit romain n’en exerça pas moins une grande influence. Parmi les Constitutions qui furent imposées, par la suite, a l’Empire entier, les plus fameuses sont la Bulle d’or et’la loi Caroline (V. ces mots). Mais la législation commune fut de plus en plus restreinte dans son action, parce que la puissance des princes augmenta de jour en jour ; et l’on doit faire remonter au xv° siècle les premiers développements sensibles de la législation particulière à chaque État. Ferdinand Walteca publié un Corpus juris Germanici, 1824, 3 vol. in-80. On peut aussi consulter les ouvrages allemands de Eichhorn et de Waitz sur l’histoire de la constitution de l’Allemagne, publiés l’un à. Berlin, 1844, 5 vel., et l’autre à Kiel, 1847, “Z vol. ; les Antiquités Judiciaires de lëAllemagne, parJ. Grimm, Gœttingue, 1828 ; le Droit des Germaine, par Wilda, Halle, 1842 ; et l’Histoire de la législation des anciens Germains, ’par Davoud-Oghlou, Berlin, 1845, 2 vol. in-8°.

ALLEMANDE, ancien air instrument al, originaire d’Allemagne, et qui se jouait lentement, à. 4 temps. Il commençait toujours au temps levé. On a écrit beaucoup d’allemandes pour le luth.

antennne, ancienne danse, originaire d’Allemagne, et qui fut’très-usitée aussi en Suisse et en France. Elle était sur un air très-gai, à 2 tempsion à 2/4, et s exécutait par autant de couples que l’on voulait. Le cavalier et sa dame, se tenant par la main, marchaient 3 pas en avant, et demeuraient un pied en Pair, faisant ce qu’on appelait une grève ; puis ils reprenaient de même jusqu’à ce qu’ils fussent au bout de la salle. Les autres couples suivaient le 1". On revenait par le même procédé au peint d’oVx l’on était parti, ou, si l’on aimait mieux, en rétrogradant ; enfin, on renouvelait les mêmes pas, mais d’un mouvement plus vif et en sautant davantage.

Attamzvna (Écriture). Les caractères à. formes carrées et anguleuses, usités dans la transcription des idiomes allemands, et dont l’écriture dite gothique est une imitation, ne sont qu’une transformation capricieuse des lettres latines du xn° siècle.

ALLEMANDE (Langue). Le poëte Klopstock, dans un curieux ouvrage intitulé : la République allemande des lettres, adresse un discours solennel a celui qui écrira un jour l’histoire de la langue allemande : « Qui que tu sois, lui dit-il, remarque d’abord, et avant toute chose, que notre langue est une langue d’une merveilleuse richesse, en pleine floraison, toute chargée de fruits, sonore, rythmique, libre, souple (mais qui peut dire tout ce qu’elle est’I), ’une langue virile et noble, une langue accomplie, à laquelle on peut a peine comparer la langue grecque, et bien supérieure à toutes les autres langues de l’Europe. Elle n’est pas née d’une souche celtique, puisque César fait honneur à notre aïeul Arioviste de la façon dont il parle l’idiome des Gaulois. Ne cherche pas a découvrir ses racines ; pourquoi perdre son temps a remuer toute cette poussière ? » La philologie moderne en Allemagne a suivi la première partie de ce programme et rejeté la seconde : l’opinion enthousiaste que Klopstock exprimait sur l’idiome de sa patrie est devenue un dogme national, et c’est précisément cet enthousiasme qui soutient les Bopp. les Grimm, les Schmeller, les Gabelentz, les Loebe, les Massmann, et tant d’autres encore, lorsqu’ils cherchent à découvrir les origines de la langue germanique et qu’ils remuent laborieusement toute cette poussière. ’

Si nous cherchons à résumer ces investigations de la philologie allemande, nous trouvons un petit nombre de points très-importants qui semblent désormais hors de doute. Il est bien démontré par les travaux de M. Franz Bopp que la langue allemande vient de l’Asie, et qu’une étroite parenté la rattache aux idiomes sacrés de l’Inde et de la Perse. Aquelle époque l’allemand est-il’ne du sanskrit, ou d’une langue plus ancienne encore qui se* rait la souche commune du sanslrrit et de Pallemandî