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LE SERVITEUR

et des rats dans le grenier. J’ai presque aussi peur de ceux-ci que de ceux-là. Tu montes au grenier comme tu entres dans la cave : sans trembler. Là encore tu es chez toi. Quand ils te reconnaissent, rats légers et lourds crapauds se hâtent de rentrer dans leurs trous : ce sont eux qui ont peur. Moi, certainement ils me dévoreraient.

Que dire des toits où dorment nos poules, où se succèdent nos générations de lapins ? C’est toi qui les cures, qui en enlèves le guano et le fumier. Nos poules et nos lapins m’apparaissent comme des personnages qui font partie de notre famille qu’ils agrandissent. Sans doute il y a la vie des villages où l’on a des bœufs, des vaches et des ânes. Qu’en ferions-nous ? Du moins y participons-nous par les lapins et par les poules. J’ai conscience que nous pourrions presque vivre sur nos propres ressources et nous passer de viande de boucherie. Je constate que jamais nous n’avons besoin d’acheter d’œufs. Le sentiment que j’ai de la solidité de notre vie s’accroît de plus en plus. Il me semble parfois que nous sommes riches.

Grâce à la fontaine nous pourrions aussi,