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LE SERVITEUR

pour peu que nous y tenions, nous passer du vieux puits où toutes les femmes du quartier viennent, à heures fixes, remplir leurs seaux. Elle est creusée non loin de la cave et du toit des poules. C’est de l’eau de source qui l’alimente. L’été la tarit. Le reste du temps, parce que nous ne la soignons pas, elle n’est pas très claire. C’est égal. Si nous voulions nous en occuper, nous pourrions boire de l’eau de notre fontaine. Et cette certitude me suffit. En cas d’inondation, nous n’en aurions que faire. Mais que l’ennemi vînt à réenvahir nos contrées : pourvu que ce ne fût pas en juillet, elle nous serait d’un précieux recours.

La cour n’est point sablée comme ces parterres que l’on trouve devant les maisons des bourgeois. C’est un grand espace ouvert à tous les vents et à tout venant. Je m’en aperçois bien le jour où, tous les deux mois, la foire se tient sur les Promenades : les paysans y remisent leurs voitures aux roues desquelles ils attachent leurs ânes. C’est sur la cour qu’ouvrent les portes des habitations de nos bêtes. C’est dans la cour, sur un bloc de granit qui affleure, que tu fends les souches les plus résistantes.