Page:Bachelin - Le Serviteur.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
102
LE SERVITEUR

parmi les autres, qui nous faisaient rire. Des fois nous les voyions partir.

Car elles ne peuvent point passer leur vie entière aux alentours de leur toit. Il y a longtemps qu’elles connaissent, sur le bout du bec, la cour avec ses brindilles de fagots et ses débris de tuiles. Elles savent aussi que, sous les grosses pierres qu’on remue trop peu souvent, des vers délicieux vivent à fleur de terre : quelle bonne aubaine pour elles quand, afin d’essayer ma force, j’en déplace une ! Mais cela n’arrive pas tous les jours. Je me fatiguerais vite. La cour ne change point. Pour changer d’air, elles vont faire un tour de côté du champ de Fournillon qui touche au nôtre, et tu penses bien que c’est la première qui va devant.

Ceux qui ne les connaissent pas croient qu’elles se ressemblent parce qu’elles ont deux pattes, un seul bec et beaucoup de plumes. Nous savons bien, nous, qu’il n’en est rien. La première est distinguée comme une demoiselle riche qui va au pensionnat des sœurs où l’on apprend le piano ; ses pattes sont fines ; elle porte une aigrette qui sort de chez la meilleure modiste. La deuxième, coiffée d’une espèce de