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LE SERVITEUR

petit bonnet qui la fait ressembler à une paysanne, a des plumes jusqu’aux ergots. Quant à la troisième — qu’elle nous le pardonne ! — nous voyons nettement que sous le bec elle a comme de la barbe. Et tu penses bien que c’est elle qui vient la dernière.

Elles sont parties en cachette, profitant de ce que le coq était occupé ailleurs. Lorsqu’il ne les verra plus il sera bien attrapé. Elles en rient sous cape. Moi, sans avoir l’air de rien, je les suis. Tout à l’heure tu nous rattraperas avec ta brouette. Elles marchent l’une derrière l’autre, comme à la procession. Elles sont déjà loin de la cour, mais elles ne sont pas encore arrivées au champ. Elles pourraient se servir de leurs ailes ; elles préfèrent les garder fermées, dignement. Mais c’est la deuxième qui est la plus fière d’avoir des plumes jusqu’aux ergots.

Elle est aussi la plus tranquille, étant au milieu : là elle ne craint rien, ni personne. Rusée comme une paysanne qui porte ses œufs au marché, elle prend bien garde de faire un faux pas. Aussitôt arrivée dans le champ que Fournillon vient de moissonner, elle se met à glaner du bec : elle n’est pas venue là pour s’a-