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LE SERVITEUR

plaignais ceux qu’invariablement le soleil trouve au lit quand il fait si bon dehors : pour toi toutes les nuits étaient trop longues.

L’hiver, c’était toi qui allumais le feu, allant et venant dans la maison comme un de ces bons génies des légendes qui suppriment toutes les menues difficultés de la vie. Et sur les murs la mèche de ton bonnet de coton projetait son ombre mouvante.

Parfois tu disais :

— Il y a une fameuse épaisseur de glace sur les vitres.

Quand à mon tour je me levais, deux heures après toi, je les apercevais, derrière les rideaux, bizarrement fleuries : la chaleur du poêle n’était pas encore arrivée jusqu’à elles. La pièce était grande ; et, malgré les bourrelets, la bise et le froid insidieux réussissent à pénétrer partout. Mais tu ne t’en inquiétais pas, sachant que le poêle aurait le dernier mot.

Le reste du temps, c’était encore toi qui allumais le fourneau à charbon de bois sur lequel tu mettais à réchauffer le café préparé de la veille. Tu avais un faible pour le café, mais, nos moyens ne te permettant pas de le boire