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LE SERVITEUR

pur, tu l’additionnais d’une suffisante quantité de chicorée.

On ne te revoyait guère qu’à huit heures, pour la soupe. Tu ne t’attardais pas, les coudes de chaque côté de ton assiette. Le travail te réclamait, et il fallait attendre midi pour que nous fussions réunis à table. Jamais l’appétit ne te faisait défaut : jouer des bras sur la terre te servait d’apéritif. Tu mangeais plus de pain et de légumes que de viande, et buvais plus d’eau que de vin, nos moyens ne nous permettant pas de remplacer trop de fois l’an le tonneau dans la cave.

Le crépuscule seul te ramenait à la maison. Nous mangions la soupe tantôt, dans la belle saison, porte et fenêtre ouvertes, tantôt, à partir de l’automne, le volet de la porte assujetti et les volets de la fenêtre fermés, la lampe posée au milieu de la table. Auparavant tu avais verrouillé poules et lapins pour jusqu’à l’aube du lendemain : tu ne redoutais pas qu’ils fussent malades pendant la nuit.