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LE SERVITEUR

les tilleuls qui avaient peut-être peur de quelque chose. Loriot dit ;

— Caruchet, va donc chercher ton clairon ! Tu nous sonneras ça !

— Est-ce que tu es fou ? répondit Caruchet. Pour que tout le monde croie qu’il y a le feu !…

— Ta boucheras le pavillon.

Caruchet ne se faisait prier que pour la forme. Il n’était pas fâché d’exhiber ses talents. On disait qu’il n’y en avait pas un comme lui pour sonner du clairon. Il ne faisait jamais de couac, et il pouvait souffler très longtemps, sans s’arrêter.

— Ma foi, dit-il, c’est bien pour vous faire plaisir.

Sa maison était à vingt pas du banc des voisins près desquels il était venu s’asseoir. Il alla décrocher son clairon qui pendait entre l’armoire et la cheminée. En revenant, il en mouillait déjà l’embouchure.

Et ce fut juste pendant ce temps là que la mère Nadée dit :

— Regardez-donc là-bas, derrière les bois de Sommée. Est-ce qu’on ne dirait pas qu’il y a le feu ?