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Page:Bachelin - Le Serviteur.djvu/135

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LE SERVITEUR

tôt cette nuit-là, Caruchet, de son métier peintre en bâtiments, était assis, lui aussi, en bras de chemise, et fumait sa pipe.

C’était une nuit d’été comme on n’en voit qu’au-dessus des petites villes. De temps en temps, les tilleuls des promenades frissonnaient comme s’ils avaient eu peur de quelque chose. On devinait le vol d’une chauve-souris sous les sapins.

On entendait des hannetons venir de l’Arbre de la Liberté que représente un petit chêne, entouré d’une grille. On se reposait des fatigues de la journée. On tâchait d’oublier la chaleur en respirant l’air délicieux qui descendait, tout frais, des montagnes.

De quoi eût-on pu parler, sinon de la chaleur ? La mère Nadée dit :

— Dans les bois tout est sec ! Les feuilles sont grillées. Avec une allumette, ça flamberait en un rien de temps.

La conversation, alors, tomba sur le feu, sur les incendies qui éclatent on ne sait comment. Un homme fredonna la lugubre sonnerie de la générale : il traîna sur la dernière note, l’ut grave. Et chacun frisonna, sans savoir pourquoi, comme