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LE SERVITEUR

grosse femme à visage rond. Un bonnet blanc cachait ses cheveux gris. Elle marchait les mains croisées sur son ventre gonflé. Il y avait des années qu’elle était au service de Mme de La Reynière. C’était une servante des temps anciens, comme toi un ouvrier des temps qui ne sont plus. Quand elle parlait de sa maîtresse, elle disait : Notre dame.

Aujourd’hui, elle n’est pas loin de toi.

Il y avait d’autres maisons où, vers quatre heures, la bonne t’appelait. Un verre de vin, du pain et du fromage t’attendaient sur la table de la cuisine. Tu prenais toi-même le pot d’eau, ne pouvant pas sentir le vin pur. Tu évitais de salir, même dans la cuisine. Le Bibi voulait poser ses sabots avant d’entrer chez nous. Nous lui disions : « Allez-vous bien garder vos sabots ! » Toi, personne n’aurait pu t’empêcher de poser les tiens. Tu aurais bien voulu voir que Mlle Geneviève eût du travail à cause de toi ! Tu n’aimais pas déranger les autres. Si tu avais fait tomber quelques miettes de pain, tu prenais toi-même le balai, et toujours essuyais le coin de table. Mlle Geneviève était une vieille fille coiffée en bandeaux et qui parlait d’une voix che-