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LE SERVITEUR

vrotante. Elle ne savait ni lire ni écrire. Elle avait une cinquantaine d’années. Presque aussi loin qu’elle remontât dans ses souvenirs, elle se voyait au service de Mme Camille, la sœur de ton ancien maître, l’abbé Petitier. Il n’était plus curé de Sougy. Il était depuis longtemps revenu se fixer à la Montée de Brassy, près de sa ferme. Là, il menait la vie tranquille du curé de campagne qui n’a même pas le souci d’une petite paroisse. Plusieurs fois par an il venait à Lormes. Il passait par la maison, et vous parliez de l’époque où tu lui servais la messe. Il avait les joues rouges et des touffes de poils dans le nez et dans les oreilles. Ses mains tremblaient. Mlle Geneviève aussi avait vécu jadis à la Montée, mais pas dans la ferme : dans la maison des maîtres. Vous aviez à peu près le même âge. Comme la Marie de Mme de La Reynière, c’était une servante des temps anciens. Vous vous ressembliez. Et puis vous aviez des souvenirs communs du même pays. Elle connaissait comme toi l’histoire du grand Pierre. Tu t’entendais bien avec elle.

Vous connaissiez tous les deux l’histoire du canard.