Page:Bachelin - Le Serviteur.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
157
LE SERVITEUR

À la Saint-Martin, ils apportaient pour Mme Camille un sac d’écus. À chaque foire, c’est-à-dire une fois par mois, ils apportaient à Mlle Geneviève, une volaille. Mlle Geneviève n’était pas une méchante vieille fille, au contraire ! La moindre complication dans sa vie la faisait trembler. Elle avait un peu un profil de chèvre, et ne parlait que pour être de l’avis de tout le monde. Et il fallait, avec cela, qu’elle fît marcher la maison, Mme Camille, toujours à l’église ou à la chapelle des sœurs, quelquefois partie en voyage vers quelque sanctuaire renommé, ne pouvant jamais être en contact avec les fournisseurs ni avec ses fermiers.

Mlle Geneviève avait dit une fois pour toutes à Blandin :

— Vous savez, mon bon Blandin, ce n’est pas pour vous ennuyer, mais ne m’apportez jamais de canards. Je n’aurais pas le courage de leur couper le cou !

Elle tuait facilement une oie, un poulet, même un lapin. C’était une affaire d’habitude. Mais elle n’avait pas pu apprendre à tuer un canard : c’était plus fort qu’elle.

Ce qui n’empêcha pas Blandin, le matin de la