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LE SERVITEUR

créait dans toute la région, je veux dire : jusque dans les cantons voisins, un mouvement dont pour une journée notre petite ville était le centre d’attraction. C’était comme un jour de foire, mais où tout le monde serait venu en habits du dimanche, car le Lundi de la Pentecôte était à la fois plus qu’un jour de foire pour les paysans, et plus qu’un dimanche pour ceux qui jamais n’allaient à la messe.

Je n’en veux pour preuve que ces voitures de marchands ambulants qui, dès l’avant-veille s’installent au beau milieu des Promenades, dans l’enceinte où, les jours de foire, sont rassemblés les bœufs, où, l’après-midi de chaque dimanche, se réunissent les hommes de ton âge qui aiment mieux jouer aux quilles que d’écouter les beaux psaumes des Vêpres. Les voitures, je ne te dirai point de venir les voir : tu ne m’écouterais pas. Mais je les connais, car ce sont à peu près toujours les mêmes. Je ne te les décrirai pas une par une, car elles se ressemblent toutes. Ce sont à la fois des maisons et des boutiques roulantes que trament, les plus pauvres un âne, les plus riches un cheval. Sous presque toutes se balance, au gré des