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LE SERVITEUR

cahots de la route, une grande claie qui est l’incertaine demeure des volailles. Aussitôt la voiture arrivée à destination, liberté est donnée aux poules, qui n’en abusent pas. Elles sont dans un pays inconnu. Elles ont beau entendre chanter les coqs : elles n’éprouvent pas le désir de lier connaissance avec nos poules. Et tu penses bien qu’elles ne viendront pas leur demander, pour quelques nuits, des places sur le perchoir de notre toit. Et les maîtres des poules se contentent pareillement du lit qui tient un peu trop de place dans la voiture, et à la tête duquel s’ouvre une petite fenêtre à toute petite persienne. Ils font leur cuisine en plein air. Je rôde autour d’eux. Je les écoute. Ils n’ont point l’accent de nos pays. Ainsi le Lundi de la Pentecôte attire ici des gens qui viennent de beaucoup plus loin que des cantons voisins : j’en conçois une certaine fierté.

Maintenant les voici qui enfoncent dans le sol piétiné par les bœufs des piquets dont la pointe aiguë est garnie de fer. Toutes les pièces instantanément s’adaptent : elles en ont l’habitude. Et, en une demi-journée, l’enceinte intérieure des Promenades est couverte de toiles de