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LE SERVITEUR

stabilité et de la force. Tu y cherches des rivières, et tu n’y découvres que des étangs. Tu voudrais y trouver de ce sable fin que rivières et fleuves entraînent dans leurs cours et déposent tout le long de leurs bords comme en paiement de leur passage, et tu te heurtes au granit dont carriers et casseurs de pierres sont payés pour connaître le grain dur.

Par quelque route qu’on arrive, c’est elle que d’abord on aperçoit, bâtie sur un terre-plein qui domino notre petite ville. Sa façade regarde l’ouest, d’où viennent les pluies ; son abside, boursouflée de chapelles rondes que séparent des tertres gazonnés, reçoit les premiers rayons du soleil levant. De quelque côté qu’on la voie, elle s’impose : ramassée sur elle-même, avec son clocher qu’on dirait posé juste au-dessus du chœur quand on la regarde de l’est, harmonieusement allongée pour qui l’examine du sud. Les hirondelles et les nuages connaissent son coq. Elle est trop bien placée pour ne pas souffrir des intempéries des saisons. Le ciment de ses murs s’écaille. Les pierres de ses piliers extérieurs se fendent lorsqu’il gèle fort. Les jours de grand vent des ardoises s’envolent de ses toits.