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LE SERVITEUR

aux préceptes liturgiques que tu as sur l’autel allumé six cierges. Il fait si sombre que, partout, brûlent des bougies supplémentaires ; dans les stalles du chœur, et sur l’harmonium, parce que le frère Théodore se fait vieux et qu’il est obligé, à chaque instant, de regarder ses doigts. Encore, malgré les bougies, se trompe-t-t-il, mais ce doit être la faute du froid : les mains tremblent. Dehors la neige tombe. Elle forme, au bas des vitraux, des bourrelets blancs comme pour empêcher le vent d’entrer dans l’église où il ferait trop froid. Très peu de monde. Les saintes filles, quelques dames. Toutes ont apporté leurs chaufferettes dorées où brûle du charbon de terre.

Je n’ai pas besoin de tenir ouvert an livre pour chanter les versets des Psaumes. Je les sais par cœur, depuis si longtemps que je les répète. Les mains dans les manches de ma soutane d’enfant de chœur, je me recroqueville contre le pilier, derrière l’harmonium, sur mon tabouret. Les soufflets qui montent et descendent alternativement me font penser au vent qui gémit dehors. Avec des frissons à fleur de peau, heureux, je me dis :