Aller au contenu

Page:Bachelin - Le Serviteur.djvu/218

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
210
LE SERVITEUR

humaine s’ouvrait et se fermait comme un livre sous le regard de Dieu.

Mais tu ne les connaissais pas seulement pour les voir à l’église. Lorsqu’il le fallait, tu te rendais chez eux, que ce fût dans la petite ville ou dans les villages. Aux mourants le vicaire portait l’Extrême-Onction. Il disait, en entrant :

Pax domui huic, et omnibus habitantitibus in ea.

Et c’était presque toujours une pauvre maison d’ouvriers, puisque les bourgeois qui vivent de leurs rentes ne sont pas nombreux chez nous. C’était une maison faite d’une seule pièce, avec deux lits contre le mur du fond. Dans un de ces lits un homme ou une femme geignait, tout en se rappelant certains cas miraculeux où des moribonds avaient été sauvés par l’application des huiles consacrées. Lorsque tout n’était pas préparé, tu donnais les indications nécessaires. Il fallait une nappe blanche sur un guéridon ou sur un coin de table, une bougie allumée, un crucifix, de l’eau bénite et une branche de buis bénit dans un verre. Quelquefois on allait chercher tout cela chez les voisins. Et le malade continuait de se plaindre. Et tu pensais qu’un jour viendrait où il en serait de même pour toi,