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LE SERVITEUR

mais chez nous tout serait prêt bien avant l’heure. La cérémonie terminée on regardait le malade pour découvrir sur ses traits l’expression d’un mieux immédiat et sensible. Il y avait un instant de détente. On se reprenait à espérer. La paix était entrée dans la maison et dans les âmes de tous ceux qui l’habitaient.

Durant les deux semaines d’après Pâques, tu allais dans les villages, marchant à cinq pas en avant du vicaire en surplis qui « portait le Bon Dieu » aux vieux et aux vieilles sans forces pour venir faire leurs Pâques à l’église. De toute l’année, c’étaient tes seules promenades. Encore ne le faisais-tu que pénétré du sentiment de la présence réelle de Dieu que tu précédais. Comme si c’eût été la nuit, tu portais de la main gauche la lanterne ronde où brûlait une bougie, tandis que ta droite, tout le temps que vous mettiez à traverser la petite ville, agitait la sonnette. Des femmes, sur votre passage, se mettaient à genoux à l’endroit même où elles se trouvaient, avant que vous ne fussiez arrivés à leur hauteur. Après, c’étaient les bois, les champs et les près où, selon les hasards des années, il restait de la neige, bien que les