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LE SERVITEUR

oraisons, graduels, épîtres, évangiles, antiennes et hymnes exaltent et précisent cette attente angoissée. L’heure est venue de nous réveiller de notre sommeil. Nous sommes plus près de notre salut que nous n’avons jamais cru. Regardons le figuier et tous les arbres : lorsque leurs fruits se forment l’été n’est pas loin : ainsi pouvons-nous prévoir que le règne de Dieu est proche. Le Seigneur va venir pour sauver les Nations. Que les cieux laissent sur nous pleuvoir leur rosée. Nos iniquités nous ont emportés comme le souffle du vent ; Dieu nous a dérobé sa face, et nous a abandonnés aux mains de nos iniquités. Et nous écoutons le vent d’automne, qui est déjà un peu le vent d’hiver, secouer les vitraux pendant que se répandent sous les voûtes les lamentations du chœur. De bonne heure la nuit tombe. Où es-tu ? Dans notre église neuve ? Oui. Mais tu es aussi dans la vieille où, durant des siècles, nos pères ont répété les mêmes airs de plain-chant. Tu le sais. Du moins tu le sens dans les profondeurs de ton âme.

On se couche de bonne heure, l’hiver, dans notre petite ville. Les poules sont obligées, elles,