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LE SERVITEUR

au sommeil qui rôde autour d’eux. Mais ils ouvrent trop grands leurs yeux, qui ne tarderont pas à se fermer d’eux-mêmes. Lorsque, le lendemain matin, au bruit des cloches qui sonnent Noël, ils se réveillent, la messe est finie !

Mais aujourd’hui, je suis grand. L’année prochaine — qui est bien proche, — je vais faire ma première communion. J’accepte bravement de me mesurer avec le sommeil ; je le mets au défi. Les mains sous la lumière de la lampe, je veux faire face à cinq heures de veillée. Je m’installe, m’arc’boute, le dos rond tourné au poêle. Ce ne sont pas les belles histoires à lire et à relire, qui manquent. Dans l’Almanach du Pèlerin que ce matin même m’apporta le facteur, il y a des contes de Noël si beaux que je serais heureux d’en pouvoir écrire de semblables.

Ne me dis pas que, dans d’autres maisons, on se réunit pour la veillée, on boit, on mange, et que ceux de mon âge jouent à cache-cache dans les pièces sombres, ou derrière les rideaux des lits. Je suis mieux là. Du ravissement de ma lecture, je ne sortirai que pour entrer dans la joie de vivre ma messe de minuit.