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LE SERVITEUR

Ce sont des bergers qui jouent de la flûte. C’est juste au-dessus de l’église que les sons de la flûte rencontrent les voix célestes qui descendent des claires étoiles.

L’heure est venue. L’heure se tient debout sur le seuil de la maison, pareille à un de ces anges dont la robe est si blanche qu’elle fait tache sur la neige même.

Je me lève, et prends mes sabots. Ah ! cette fois, tu ne demandes pas mieux que de sortir avec moi ! Il ne t’en coûtera point de ne te coucher qu’à une heure du matin.

Les cloches sonnent tant qu’elles peuvent, dans le vaste silence de la nuit d’hiver.

Quel froid dehors ! Je frissonne.

La petite ville n’est plus la même. Les maisons n’ont plus de ces prolongements de leur vie intérieure, — porte ouverte, femme qui bavarde assise à sa fenêtre, poules qui entrent, qui sortent l’une après l’autre, — qui les agrandissent, qui les complètent ! Maintenant, chacune d’elles est une solitude enfermée entre quatre murs, et recouverte par un toit. De leur âme, rien ne transpire. La lumière même des bougies et des lampes, s’arrête, transie,