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LE SERVITEUR

tu éteins la veilleuse devant le tabernacle ouvert et vide, et le cœur de l’église cesse de battre. Ce sont des jours dont chacun laisse sur ton âme une profonde empreinte, cinq jours, du Mercredi saint au soir du lundi de Pâques, où tu es beaucoup plus à l’église qu’à la maison, préparant et défaisant le reposoir, apprêtant les ornements, les cierges et les bougies, toujours avec le même zèle, chaque année comme si c’était pour la première fois. Les trois cérémonies les plus émouvantes des premières heures du Samedi saint sont la bénédiction du feu nouveau, dont le rite exige qu’il jaillisse d’une pierre que l’on frappe, celle du cierge pascal dans la cire duquel on enfonce cinq gros grains d’encens, celle enfin de l’eau baptismale. À mesure, nous nous sentons renaître. C’est comme une lumière neuve qui, ce matin, pénètre dans l’église : en même temps que le feu nouveau, ne vient-on pas de bénir aussi le soleil ? Regrettons-nous que le Carême se soit si longtemps attardé ? Non. Sa présence nous était nécessaire. Mais nous sommes heureux qu’ait sonné l’heure de son départ. Tu découvres les statues. Tu rallumes la veilleuse. Les cloches