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LE SERVITEUR

un peu replet, il a le regard fin. Il ne peut prononcer que de merveilleuses paroles. Avec respect tu baises l’améthyste de son anneau, et prépares ses ornements qui ne sont pas ceux d’un simple curé-doyen. C’est tout un déploiement de pompe inaccoutumée. On vient de très loin pour le voir. Heureux et fier que tes fonctions te fassent un devoir de t’occuper de lui, même si tu n’étais pas payé, tu ne lui demanderais pour récompense de tes services que sa bénédiction. Quand il est assis sur le trône que tu as toi-même dressé, la croix pectorale, la crosse, la mitre avec ses fanons, le grémial font de lui comme un personnage des vitraux de notre église. Tu serais tenté de te prosterner à ses pieds comme devant un saint.

Les deux dimanches de la Fête-Dieu font de partout jaillir les reposoirs entourés de branchages coupés le matin même. Chacun des quartiers que doit traverser la procession rivalise de zèle : lequel aura le plus beau ? Les maisons qui doivent voir se dérouler le long cortège cachent leur rez-de chaussée derrière des draps blancs où sont épingles des bouquets de fleurs frais cueillies. Il y a aussi des branchages dres-