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LE SERVITEUR

sés. Tu marches le premier, portant la bannière de saint Joseph, avec ta calotte de velours et tes gants blancs, les yeux baissés. Tu précèdes Dieu qu’à l’autre extrémité des deux onduleuses lignes de fidèles le prêtre expose aux regards dans l’ostensoir dont tremblent les rayons de bronze. Parfois tu te retournes : il ne faut pas aller trop vite. Il ne faut pas que la procession soit coupée. Dieu est un maître qui aime la rectitude. Tu veilles à ce que son cortège se déroule aussi magnifique, en tout cas plus émouvant que celui d’un roi.

Nous nous rappelons aussi le beau jour qu’est le Quinze Août. Des hauteurs du ciel, bleu comme le manteau que les Primitifs aimèrent à poser sur les épaules-de la Vierge, nous vient, dès le matin, comme le sentiment d’une grande fête qui se célébrerait parmi les étoiles. Elles disparaissent devant le soleil qui monte. Le vent souffle de plus en plus chaud. On chante la grand’messe. Posée sur sa châsse, la statue de la Vierge attend l’heure de la procession. Elle n’a qu’une fois l’an l’occasion de traverser notre petite ville ; et c’est aujourd’hui seulement qu’elle va de l’église à la chapelle du Vieux-