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Page:Bachelin - Le Serviteur.djvu/247

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LE SERVITEUR

ces familles dont l’ensemble constitue aujourd’hui notre petite ville. Combien d’entre eux ont fait, à cette date, le même chemin que nous aujourd’hui ! C’est tout notre passé qui ressuscite, au son de la vieille petite cloche.

Et puis les jours s’en vont. Ils passent l’un après l’autre comme des voyageurs qu’on ne reverra jamais. Le 6 Septembre de l’année prochaine n’aura point le même visage que le 6 Septembre de cette année. Tu le regarderas bien en face : il aura les cheveux un peu plus gris ; il traînera un peu plus ses sabots sur la route. Les jours passent. Comme moi qui m’amuse à donner des coups de pied aux poteaux du télégraphe, les jours secouent violemment les arbres. Les poteaux résistent, mais les arbres consentent à se séparer de leurs feuilles. Elles meurent. Et la Toussaint est bien l’achèvement du cycle de l’année religieuse. Après elle, tu recommenceras de vivre dans l’attente. Avec elle tu te remémores une dernière fois, comme on accorde un regard aux compagnons de route que l’on va quitter, les gloires, les luttes et les douleurs de l’Église triomphante, militante et souffrante. Les saints sont innombrables . Il n’y a pas que